“Tout le monde veut une devise plus faible”

© reuters

C’est l’avis de certains économistes qui estiment que les pays émergents peinent à relancer leur économie en affaiblissant leur devise, car les Américains font la même chose.

Les devises fortes ne sont plus à la mode. Les Américains affaiblissent le dollar en répétant une troisième fois l’opération de quantitative easing, c’est-à-dire en faisant tourner la planche à billets pour relancer leur économie(1).

Mais ça ne fait guère l’affaire des pays émergents comme la Chine et le Brésil, qui “connaissent un problème de hausse rapide de leurs coûts de production”, note Patrick Artus, économiste à la banque française Natixis. Cette solution de relance consiste à faire un peu d’expansion monétaire pour dévaluer la devise, ce qui améliore la compétitivité, donc les exportations. Mais ça ne marche guère pour ces pays car les Etats-Unis, leur gros client, font la même chose. “Ceci va affaiblir chroniquement les économies émergentes et conduire à un conflit, déjà présent, avec les Etats-Unis au sujet de leur politique”, avance Patrick Arthus.

Personne n’est gagnant La tendance est générale. “Tout le monde veut une devise plus faible”, estime Peter Vanden Houte, chief economist chez ING Belgique. “Le Japon s’inquiète du niveau élevé du yen, la banque centrale est intervenue plusieurs fois, et on parle d’une action plus brutale.” En Suisse, la banque centrale intervient pour bloquer l’ascension du franc.

Mais si tout le monde affaiblit sa monnaie, personne n’est gagnant. “Une étude de la Banque des règlements internationaux montre que cela a un effet positif, c’est la baisse des taux longs”, remarque Peter Vanden Houte.

La situation est embarrassante car des zones économiques comme l’Europe comptent sur les pays émergents pour tirer leur croissance faiblarde. Mais le moteur serait plus faible qu’on ne le pense. “Les chiffres chinois ne sont pas fiables. Je ne crois guère aux 7,5 % de croissance annoncés. Certains indices comme la consommation d’électricité font plutôt dire à des instituts de recherche que ce pays connaît une croissance de 1 %”, note l’économiste d’ING.

Robert van Apeldoorn

(1) Lire notre dossier dans le Trends-Tendances du 4 octobre.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content