Tour savoir sur le partenariat transpacifique, un accord ambitieux même sans les Etats-Unis

Scott Morrison, premier ministre australien. © AFP

On l’avait cru enterré quand le président américain Donald Trump, à peine élu, avait annoncé le retrait des États-Unis début 2017, mais le traité de libre-échange transpacifique TPP a réussi à renaître de ses cendres.

L’Australie a procédé à sa ratification mercredi, portant à six sur 11 le nombre de membres ayant fait de même. Le traité va donc pouvoir entrer en vigueur rapidement.

Qu’est-ce que le TPP?

Même sans les États-Unis, l’accord rebaptisé Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP pour son sigle anglais) demeure un des pactes les plus ambitieux jamais négociés.

Ironie de l’histoire, il avait à l’origine été promu par un président américain, en l’occurrence Barack Obama, et signé en 2015 après de longues années de négociations.

Il comprenait alors 12 pays bordant l’océan Pacifique et couvrant près de 40% de l’économie mondiale : États-Unis, Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam.

Sans l’économie américaine, l’ampleur est moindre, proche de 14% pour un PIB total de 10.600 milliards de dollars et une population de près de 500 millions de personnes.

Le partenariat exclut la Chine, première puissance asiatique et deuxième économie mondiale.

Pour ses promoteurs, le CPTPP est le nec plus ultra de tous les traités de libre-échange, censé façonner les règles du commerce du XXIe siècle en allant bien au-delà de la simple levée des barrières douanières.

Il prévoit ainsi la levée d’obstacles non-tarifaires, comme l’ouverture par les pays membres des appels d’offres nationaux aux entreprises étrangères sans avantages indus pour leurs propres entreprises publiques, la détermination de normes communes pour le commerce électronique et les services financiers, le respect du droit du travail selon les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Pourquoi Donald Trump l’a rejeté?

Donald Trump en avait fait une de ses promesses de campagne, et il a tenu parole en claquant la porte du TPP dès son investiture à la Maison Blanche, un accord “terrible” qui “viole” les intérêts des travailleurs américains, selon ses termes.

Plutôt que des ententes multilatérales, il plaide pour des accords bilatéraux “équitables”, permettant de rééquilibrer les échanges et de réduire les déficits commerciaux américains.

Des économistes estiment au contraire que l’accord permettra d’encourager la croissance et de créer des emplois.

Comment a-t-il été ressuscité?

D’abord sonné par le retrait américain, le Japon s’est ensuite activé en coulisses pour faire aboutir un traité à 11 membres, tout en espérant qu’un jour, Washington change d’avis et les rejoigne.

Il a été un des premiers pays à ratifier le nouveau pacte, avec le Canada, la Nouvelle-Zélande, Singapour, le Mexique et l’Australie mercredi.

Pour les autres membres, des économies émergentes aux industries fortement protégées et au droit du travail peu strict, l’intérêt du TPP résidait surtout dans la présence dans ses rangs du premier marché du monde, les États-Unis.

L’accord a donc perdu de son intérêt même s’il va permettre en théorie aux pays plus petits d’accéder à de gros marchés comme celui du Japon.

Le premier train de baisse de taxes dans le cadre de ce pacte débutera dans 60 jours, le 30 décembre, et le second le 1er janvier 2019, selon le ministre du Commerce de Nouvelle-Zélande, David Parker, qui espère que la plupart des membres ratifieront l’accord au plus vite.

La porte reste ouverte aux États-Unis et à d’autres pays, comme la Corée du Sud et la Colombie qui ont fait part de leur intérêt.

Quid de la Chine?

Le TPP visait initialement à contrer l’activisme de la Chine et à l’empêcher de dicter ses propres règles de commerce.

Pékin a son propre projet de méga-accord régional, le Partenariat économique intégral régional (RCEP), qui se trouve actuellement en négociations.

Censé regrouper les 10 pays de l’Association des nations du Sud-est asiatique (Asean) et leurs partenaires dans la région (Chine, Japon, Australie, Inde, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande), il exclut en revanche les États-Unis.

Comme le CPTPP, le RCEP veut libéraliser les échanges, mais affiche beaucoup moins d’ambitions sur des normes de régulation, en particulier environnementales et sociales.

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