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Sociétés cotées: cachez ces super profits, svp!

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Les profits des grandes entreprises sont au plus haut. Il n’y a qu’à regarder les résultats des sociétés cotées en Bourse pour se rendre à l’évidence : nos très grandes entreprises ont bien traversé la crise et c’est tant mieux pour leurs employés et leurs fournisseurs.

Seulement voilà, il y a des profits plus gênants que d’autres. Pas dans l’absolu mais aux yeux du grand public. C’est le cas par exemple des grands groupes pétroliers : les profits sont (disons-le franchement) historiques ! Shell a, par exemple, dégagé un profit de 19 milliards de dollars, la société pétrolière BP a engrangé plus de 12 milliards de dollars et le français Total (rebaptisé comme vous le savez TotalEnergies) affiche un super profit de 16 milliards d’euros.

Bien entendu, ces entreprises ne sont pas les seules à avoir réalisé des profits records ; c’est aussi le cas des sociétés de porte-containeurs. Les 10 premières sociétés qui transportent par mer les produits dont nous avons besoin quotidiennement devraient dégager 120 milliards de bénéfices pour l’année 2021. Un grand cru donc !

Mais revenons aux entreprises pétrolières, elles sont souvent dans le collimateur des ONG pour leurs activités. Donc, que faites-vous quand vous êtes dans un secteur polluant par définition et qu’en plus vos profits sont à des niveaux records ? Première option : vous rappelez aux médias, aux ONG et à tous ceux qui vous critiquent que si en 2021 vous avez fait bingo, ce n’était pas le cas en 2020. C’est ce qu’a fait BP en rappelant ses pertes historiques pour l’année 2020. Deuxième option : vous rappelez que pour investir dans la transition énergétique, il faut beaucoup d’argent. En clair, vous dites aux critiques qu’il faut encore miser sur l’argent “sale”, celui du pétrole, pour investir sur le propre, le renouvelable. Enfin, vous avez encore une troisième option. C’est celle choisie par TotalEnergies : son patron français a décidé d’accorder un chèque de 100 euros pour les abonnés au gaz, en situation de précarité, et par une remise de 10 centimes sur le litre de carburant sur les zones rurales.

Certains se sont demandés si c’était pour redorer son image (surtout après ses profits de 16 milliards d’euros) ou si c’est pour accroitre habilement ses parts de marché ? Sans doute les deux, car le prix du carburant des petites villes rurales est en moyenne dix centimes plus cher que celui des grandes surfaces, donc cela n’aura aucun impact sur le pouvoir d’achat des personnes concernées. L’objectif est plutôt de ramener des clients vers les stations-services du groupe. C’est donc surtout une mesure pour la part de marché que pour le pouvoir d’achat.

Ah oui, j’allais oublier les banquiers, ils ont tous réalisés des profits exceptionnels. Faut-il s’en plaindre ? Je ne sais pas, mieux vaut avoir des banques solides pour aider notre économie à se redresser, non ? Mais comme tout le monde ne pense pas de la même manière, la banque KBC a affiché un bénéfice net de 2,6 milliards d’euros pour l’année 2021 en hausse de 81% par rapport à 2020. Et devinez quoi, sa direction a décidé d’accorder à l’ensemble du personnel une prime de 1.000 euros brut. Le syndicat local a remercié la direction pour son geste, à croire que tous ces grands patrons se sont soudain souvenu de ce proverbe perse : “qui mange seul s’étrangle”.

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