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Situation politique et économique en Belgique: “Le salut se trouve dans la lecture !”

Cela fait à présent 445 jours que la Belgique est politiquement en affaires courantes et 277 jours qu’elle se cherche un nouveau gouvernement compte tenu des nouveaux rapports de force au Parlement. Les notes et les rapports se succèdent inlassablement.

Mais de quoi sont-ils en train de discuter ? De rapports de force politiques, de réformes institutionnelles ou encore de savoir comment dépenser de l’argent que l’on n’a pas ? Cette crise est avant tout une sorte de Stratego politique visant à contenter l’électorat de chacun. La recherche du bien commun devient secondaire. C’est bien le problème d’une négociation qui n’a pour point de départ aucun chiffre, aucun fait. La réalité budgétaire en est un très bon exemple : lorsque les données se multiplient pour souligner le dérapage budgétaire, on pourrait s’attendre à ce que le débat porte sur le type de mesures qu’il faudrait prendre pour corriger le tir. Pourtant, on assiste davantage à un emballement médiatique sur le degré de responsabilité du précédent gouvernement et de son tax shift, ce qui met de l’huile sur le feu, alors que le vrai problème des finances publiques n’est pas abordé.

Ne serait-il donc pas temps d’en revenir aux faits. Au cours des dernières semaines, l’OCDE, la Banque nationale et le FMI ont publié leurs rapports sur la Belgique. Il faut souligner, surtout de la part de la Banque nationale, le gros travail réalisé pour rendre ce type de rapports lisible tout en restant irréprochable sur le plan théorique et statistique. Vous y trouverez une description complète, rigoureuse et lisible de l’économie belge, de ses difficultés et de ses défis.

Bien loin de la pension à 1.500 euros ou de la régionalisation de telle ou telle compétence, ces rapports nous ramènent à une dure réalité : nous ne sommes plus les maîtres du monde, et nous ne sommes même plus dans la tête du peloton : l’économie belge, archétype de la petite économie ouverte, championne des exportations, perd à présent des parts de marchés par rapport à ses concurrents. De même, alors que certains rêvent de relever les défis climatiques et technologiques, nous sommes à la traîne en matière de recherche et développement. Notre main-d’oeuvre, qui est pourtant à la base de tout développement économique, n’est pas en nombre suffisant et n’a pas les compétences suffisantes pour relever ces défis. Alors que d’autres rêvent de dépenser toujours plus, nos finances publiques ne le permettent plus.

On peut continuer longtemps à ergoter sur les responsables, sur le poids de l’histoire et les différences régionales. Mais cela ne changera rien aux différents constats posés par les institutions nationales et internationales sur l’état de notre économie.

Mon conseil est donc simple : lisez ces rapports ! Chaque citoyen se doit de les lire, pour comprendre où nous en sommes. Pour comprendre la situation telle qu’elle est et arrêter de succomber aux chants des sirènes qui promettent monts et merveilles. Nous n’en avons plus les moyens ! Les responsables politiques se doivent également de lire ces rapports, pour prendre conscience que nous ne sommes plus cette petite économie florissante qui pouvait se permettre des erreurs de politique économique et des crises institutionnelles. Pour qu’ils utilisent également ces rapports comme point de départ de toute discussion. Les défis qui y sont décrits représentent le socle à partir duquel des solutions doivent être négociées, en fonction des rapports de force et des convictions de chaque partie. Mais au moins, les discussions porteraient sur quelque chose. Parlant des solutions, pour que la négociation reste encadrée, des benchmarks internationaux pourraient être utilisés. L’OCDE, notamment, dispose de suffisamment de points de comparaison pour que l’on sache nous situer par rapport à nos pairs et pour que l’on puisse déterminer les mesures à prendre.

Cet exercice partant des défis auxquels fait face la Belgique et utilisant la comparaison avec les autres pays laisserait suffisamment de latitude pour que les courants politiques puissent s’exprimer, mais dans un cadre bien mieux défini, et que cessent les séances de musculation politique.

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