Royaume-Uni: l’inflation ralentit, mais la crise continue
L’inflation a ralenti à 10,5% sur un an au Royaume-Uni en décembre contre 10,7% en novembre mais reste à des niveaux historiquement très élevés, alimentant une crise du coût de la vie dans le pays.
Les transports et notamment les carburants ont largement contribué au recul des prix le mois dernier, mais aussi les vêtements et chaussures, ou encore les divertissements et la culture, malgré les fêtes de fin d’année, ajoute l’Office national des statistiques (ONS) dans un rapport mercredi. Les prix des hôtels, des billets d’avions et restaurants ont en revanche augmenté tout comme ceux de l’alimentation et des boissons non alcoolisées, ce qui a freiné le repli des prix. “L’inflation élevée est un cauchemar pour le budget des familles, détruit les investissements des entreprises et génère des grèves, donc même s’il est difficile, nous devons garder notre cap pour la faire baisser”, a commenté le ministre des Finances Jeremy Hunt dans une déclaration. “Nous avons un plan pour diviser par deux l’inflation cette année, réduire la dette et faire croître l’économie, mais il est crucial de prendre les décisions difficiles nécessaires”, a-t-il insisté. Les grèves se multiplient dans le pays dans de nombreux secteurs comme les transports, l’enseignement ou la santé, les syndicats demandant des hausses de salaires en phase avec l’inflation. Les salaires augmentent en effet au rythme le plus rapide depuis plusieurs décennies mais en termes réels ils se réduisent, mangés par l’inflation. Le gouvernement pour l’instant se refuse à accepter les revendications des grévistes, affirmant ne pas vouloir alimenter un cercle vicieux durable de hausse des prix. La responsable de l’opposition travailliste pour les questions financières, Rachel Reeves, a déploré “13 années d’opportunités perdues sous les Conservateurs qui ont laissé notre économie plus faible et les familles dans une situation détériorée”.
Envolée des prix alimentaires
L’économie britannique est au bord, voire déjà en récession, selon de nombreux prévisionnistes. Elle a cependant fait un peu mieux que prévu en novembre. Le produit intérieur brut (PIB) britannique a légèrement progressé de 0,1% en novembre, dans la foulée d’une hausse de 0,5% le mois précédent. Mais si l’on regarde ensemble les trois mois achevés fin novembre, l’économie s’est contractée de 0,3% par rapport aux trois mois précédents, avait indiqué vendredi l’ONS. Les économistes estimaient mercredi que la légère décélération de l’inflation ne veut pas dire que la Banque d’Angleterre a gagné la guerre. Capital Economics s’attend à ce qu’elle relève son taux directeur de 3,50% à un pic de 4,50% dans les mois à venir.
Le centre de réflexion note le rapide ralentissement des prix des carburants mais s’inquiète de l’inflation dans les services et de l’alimentation, à 16,8%, “au plus haut depuis septembre 1977”. Une étude de l’organisme de défense des consommateurs Which! publiée mercredi note d’ailleurs que la hausse des prix dans les supermarchés, même à bas prix, a flambé à 30% sur certains articles alimentaires de base dans le pays. “La crise du coût de la vie continue et les chiffres d’aujourd’hui n’y changent pas grand chose”, et le gouvernement “continue à vouloir que les travailleurs paient pour une crise qui n’est pas de leur fait”, a commenté le syndicat Unite. Certains économistes estiment cependant que les prix ont passé un cap. Pantheon Macro anticipe que l’inflation britannique va ralentir à 9,0% en mars et plus encore en avril “à mesure que la chute du prix des matières premières et du fret maritime ces six derniers mois va se répercuter sur ceux de la nourriture et des biens”.
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