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Rien ne sert de tirer sur un brin d’herbe pour le faire pousser

Le ministre de l’Emploi, Kris Peeters, veut aider tous les Belges à travailler d’ici 2025. La conjoncture y est plutôt favorable : le chômage a baissé de façon spectaculaire et le nombre d’offres d’emploi atteint des chiffres records. Mais l’idée du plein-emploi implique de nombreux éléments complexes. C’est l’opinion de Frank Vander Sijpe, Director HR Research chez Securex.

Ainsi, nous ne parvenons toujours pas à faire travailler les gens plus longtemps. Le travailleur moyen arrête de travailler aux alentours de 60 ans. Sur ce point, d’autres pays européens s’en sortent bien mieux. Les absences de longue durée constituent un autre point épineux. De plus en plus de travailleurs s’absentent pendant plus d’un an pour cause de maladie. En 2016, plus de 3 travailleurs sur 100 étaient malades et absents. Jusqu’à présent, les mesures de réintégration visant à réactiver ces personnes ont un effet pour le moins limité. De plus, le chômage structurel et les maladies de longue durée semblent plus que jamais être des vases communicants.

Plusieurs autres éléments viennent néanmoins ternir le tableau. Il s’agit notamment du nombre croissant d’emplois à temps partiel et d’emplois temporaires dont le Hiva a déjà souligné le caractère trop souvent provisoire et le mauvais niveau de rémunération. Autre point négatif : les organisations qui choisissent d’octroyer des conditions salariales spéciales aux travailleurs d’un certain âge – pourtant loin de celui de la retraite – afin qu’ils restent chez eux. Avec certains employeurs, les travailleurs ont la chance de remporter le gros lot en matière de régimes de retraite anticipée. Sans parler du changement en matière de faisabilité du travail, qui révèle que la charge de travail, la charge émotionnelle et les conditions de travail des Belges évoluent dans le mauvais sens.

Une autre vision du travail s’impose

La Finlande, le Danemark et les Pays-Bas parviennent à faire travailler leurs citoyens plus longtemps. Il n’est pas étonnant de constater que ces pays sont mieux classés que la Belgique sur la scène internationale en matière d’apprentissage des adultes et de pensée novatrice. Cela prouve que ces pays envisagent le travail comme un élément plus important qu’une simple source de revenus. À cet effet, la qualité de la motivation s’avère décisive.

Securex a établi que la motivation autonome pousse les gens à travailler 4 ans de plus que ceux qui le font par simple devoir. Les personnes qui travaillent uniquement par sentiment d’obligation affichent un taux d’absentéisme deux fois plus important : 22 % d’entre elles sont absentes 21 jours ou plus, contre 10 % de leurs collègues. Accroître la motivation contrôlée ne permet donc en rien d’atteindre l’âge de la retraite souhaité. En d’autres termes : rien ne sert de tirer sur un brin d’herbe pour le faire pousser.

Miser sur les piliers de la motivation

Il est grand temps que les entreprises et les pouvoirs publics insufflent aux travailleurs la motivation adéquate. Par exemple, en établissant une culture d’entreprise et un type de travail qui leur offre une certaine autonomie afin de gérer le lieu, le moment et la manière dont ils travaillent. Mais aussi en les faisant adhérer davantage aux objectifs de l’entreprise et en recherchant une ambition collective. Ou encore en misant sur les compétences et les talents de chacun et en créant, si nécessaire, un emploi qui constitue – naturellement – une valeur ajoutée à l’organisation.

En outre, les autorités doivent améliorer le cadre permettant d’instaurer ces contextes uniques/sur mesure. Plusieurs initiatives récentes, comme le cadre juridique des horaires flexibles et du télétravail, témoignent d’un changement dans la bonne direction. D’autres projets, tels que le lancement de la “taxe sur le travail à domicile”, traduisent, cependant, une certaine impuissance et un manque d’options créatives au sein des organisations afin que l’on continue à travailler de manière utile. Une approche personnalisée et des emplois sur mesure sont donc essentiels. Le plein-emploi nécessite encore beaucoup d’efforts. La volonté de travailler doit être au centre des préoccupations à cet égard. Sinon, l’herbe sera toujours plus verte ailleurs.

Frank Vander Sijpe

Director HR Research Securex

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