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Revanche des consommateurs, dentifrice et inflation

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’était la bonne nouvelle du weekend : 70% des Belges seront complètement vaccinés au mois d’août. C’est également le chiffre qui a été souvent cité pour atteindre la fameuse immunité collective.

Un chiffre à nuancer car les experts estiment que ce chiffre de 70% doit encore augmenter afin de s’assurer que le variant indien du coronavirus ne provoque pas une nouvelle vague à la rentrée. Mais la remarque ne doit pas faire oublier les progrès colossaux réalisés en à peine plus d’un an face à un virus inconnu. C’est du jamais vu dans l’histoire de l’humanité.

Et justement, à propos d’inconnu, ce qui interpelle les économistes, c’est ce que va devenir l’épargne des Belges. Comme vous le savez, la majorité des Belges (salariés du privé et fonctionnaires) ont pu sauvegarder leur emploi. Et comme ils ont été privés de restaurant, de cinéma, de sortie culturelle et de voyage, ils ont accumulé une épargne forcée évaluée à minimum 30 milliards d’euros pour la Belgique. Et la question des économistes: que vont faire les Belges de cet argent ? Vont-ils se venger d’avoir été privés des plaisirs de la vie en consommant de manière frénétique comme c’est le cas aux Etats-Unis ou en Chine ? Les économistes appellent cela la “consommation de revanche” ? Si oui, ce sera excellent pour l’économie.

Mais vous connaissez les économistes, ce sont des personnes assez sinistres dans leur vision du monde. A peine un problème est-il résolu qu’ils pensent déjà au suivant… Aujourd’hui, ils se demandent si cette consommation de besoins réprimés ne va pas conduire à une hausse des prix, bref, à un retour de l’inflation. Du côté de la demande bien entendu, mais aussi de l’offre. On le voit aux Etats-Unis mais aussi chez nous, dans le secteur de l’Horeca, il y a une pénurie de personnel. Et qui dit pénurie de personnel, dit hausse des salaires.

Sans même oublier que tous ces commerces et ces restaurants veulent se refaire et pratiquent tous de manière directe ou indirecte la hausse des prix. On ne peut pas les blâmer, c’est normal de vouloir “se refaire” après une crise pareille. Et puis, un peu d’inflation c’est bon, c’est juste une question de dose. Au fond l’inflation, c’est comme le chlore : utilisé à très haute dose, c’est un gaz de combat mortel mais une petite goutte de chlore suffit à rendre de l’eau potable.

Espérons que nous serons dans le scénario de la petite goutte car si l’inflation devait déraper, bonne chance pour la contrôler. C’est comme vouloir remettre le dentifrice dans son tube d’origine !

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