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Réélection en Chine, inutilité des grincheux et lutte contre le cancer

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

En cette première semaine de congé de la Toussaint, je voulais revenir sur la réélection de Xi Jinping pour un 3e mandat à la tête de la Chine.

Officiellement, c’est une victoire pour la ligne dure du parti communiste chinois. Mais à lire l’interview accordée à mes confrères des Echos par David Baverez, un investisseur français établi de longue date à Hong Kong, cette réélection doit être regardée avec quelques nuances. Comme j’ai déjà eu la chance d’interviewer David Baverez, je peux vous vous confirmer que c’est l’un des meilleurs connaisseurs de la Chine.

Que retenir de cette interview fleuve ? D’abord, la Chine reste fragile. Très fragile. Depuis plus de dix ans maintenant, elle a voulu changer son modèle basé sur les exportations au profit d’une croissance tirée par la demande interne. Mais le souci nous dit David Baverez, c’est que ce nouveau modèle n’a jamais fonctionné. Motif ? La croissance de la consommation a surtout été tirée par l’endettement des ménages chinois et cet endettement s’est fait dans l’immobilier. Or, aujourd’hui, faute d’argent et en raison de faillites en cascade, les promoteurs immobiliers privés sont incapables de terminer la construction de millions de logements que leurs acheteurs chinois ont déjà payés. Résultat ? L’Etat chinois est obligé de faire reprendre ces promoteurs immobiliers privés par des promoteurs publics, tout en tentant d’étaler ces pertes – on parle de milliards de dollars – sur dix ans !

Pendant ce temps, les ménages chinois consomment moins, car ils voient que “leur patrimoine immobilier vaut moins que ce qu’ils espéraient” nous explique encore une fois David Baverez. En réalité, Xi Jinping est quelqu’un qui fait “passer l’intérêt du parti avant celui de son pays”. Et ça, c’est une grande première. Son vrai but, nous dit David Baverez est simple : “la Chine prépare son découplage avec l’Occident, mais sans devoir le faire. En clair, elle veut la paix, mais prépare la guerre. Le vrai but de la Chine, c’est de ne plus dépendre des importations – donc de l’Occident – mais que le reste du monde dépende des exportations chinoises”. Seul gros bémol, entre le but et la réalité, il y a parfois un monde.

A nouveau, David Baverez nous cite l’exemple du Hardware, du matériel informatique donc. Chacun peut le constater quotidiennement, la Chine est très forte dans le Hardware, mais pas dans le Software (logiciels, puces). Ce constat, il n’est pas seulement économique, il est aussi culturel. La raison ? Comme le dit David Baverez, “pour fabriquer des logiciels, il faut de l’imagination et de la liberté”, deux ingrédients cruellement absents aujourd’hui en Chine.

Vous voyez l’actualité est en nuances, rarement en noir et blanc comme on essaie de nous le faire croire. Quant aux bonnes nouvelles, elles sont encore une fois noyées, voire ignorées au profit des mauvaises nouvelles qui voyagent 6 fois plus vite que les bonnes. Nos lecteurs et lectrices familiarisés avec l’anglais peuvent aller sur le site de la BBC (BioNTech : coud Covid vaccine technology crack cancer ?), ils constateront que les deux fondateurs de BioNTech, deux chercheurs turcs établis en Allemagne et qui se sont associés avec Pfizer pour nous proposer les vaccins avec ARN messager sont très optimistes. En tant que scientifiques, ce couple turc extraordinaire nous dit qu’avec l’expérience acquise pour lutter contre le covid-19 avec l’ARN messager, cela a permis de faire progresser la recherche d’un vaccin – lui aussi à ARN messager – contre le cancer. Et cela pourrait être réalisable d’ici 2030 ! Voilà, j’espère que cette information suffira à faire votre journée ou votre semaine. C’est mon modeste cas, et n’oubliez jamais : les créateurs ne se plaignent pas, et les grincheux ne créent pas.

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