Reconstruire les villes d’Ukraine, dès aujourd’hui
Les entreprises belges sont invitées à participer à un Forum d’investissement organisé par la Ville de Bruxelles le 28 novembre, en présence du maire de Kiev, Vitali Klitschko. Pour nourrir la vision de l’après-guerre.
Voilà plus de huit mois que la Russie a attaqué l’Ukraine. Huit mois de drames et de tensions aiguës de par le monde. Mais aussi huit mois d’une résistance ukrainienne héroïque et d’un pari sur l’avenir, malgré les bombes. Alors que nul ne sait comment le conflit va se terminer, l’heure est déjà à la préparation de la reconstruction du pays. Le 28 novembre, la Ville de Bruxelles accueillera, dans ses locaux sur la Grand-Place, un Forum d’investissement pour la reconstruction de Kiev. Un rendez-vous auquel les principales entreprises belges sont invitées à participer. Pour marquer leur solidarité, mais également pour envisager un avenir pleinement européen pour ce pays martyr.
“C’est l’horreur!”
Lorsque l’on contacte Yehor Pyvovarov, collaborateur aux relations internationales de la Ville et coordinateur de ce projet, celui-ci témoigne pourtant, instantanément, du calvaire que vit son pays, l’Ukraine. “C’est l’horreur, nous confie-t-il, la voix tremblante. Ce jour où je vous parle, la Russie a envoyé 50 missiles sur tout le pays et sur Kiev, ma ville natale. Les infrastructures vitales sont touchées et 80% de la population n’a plus accès à l’eau. Ils bombardent tout: les barrages, les centrales électriques, les usines, même les écoles! Mes proches sont contraints de se cacher dans les abris, alors que mes grands- parents sont âgés de 80 ans. Il me manque les mots pour décrire cette situation, j’ai envie de pleurer, littéralement.”
L’homme reprend son souffle et confie son espoir de voir rapidement ce conflit se terminer. “Les stocks de missiles de Poutine ne sont pas infinis, murmure-t-il. Et nous recueillons de grands succès sur le champ de bataille, à l’Est et dans le Sud. Tout cela finira bien un jour.” Voilà pourquoi Yehor Pyvovarov entretient le réseau de chaleur qui relie l’Ukraine à la Belgique et déploie toute l’énergie qu’il lui reste pour façonner l’avenir.
Il s’agit d’initier une coopération de ville à ville. Nous voulons démontrer l’importance et l’efficacité de ces réseaux.” – YEHOR PYVOVAROV (COLLABORATEUR AUX RELATIONS INTERNATIONALES DE LA VILLE DE BRUXELLES)
“Penser à la reconstruction”
“La préparation de reconstruction de l’Ukraine est fondamentale, c’est vital de s’y consacrer dès à présent, s’enthousiasme le collaborateur de la Ville de Bruxelles. Un tel Forum permet d’en poser les jalons. Il s’agit de mettre en chantier une ville plus sécurisée, plus résiliente, plus innovante, plus durable. Notre objectif principal, c’est d’inviter les CEO de très grandes entreprises belges à participer à la séance principale de ce rendez-vous, le 28 novembre à 19 h, en présence du bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, et du maire de Kiev, Vitali Klitschko.” Avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, cet ancien boxeur est devenu l’un des nombreux visages de la résistance.
Dès le début du mois de juillet dernier, la communauté internationale s’était penchée au chevet de ce pays dévasté, lors d’une conférence organisée à Lugano, en Suisse. “L’Ukraine peut sortir de cette guerre en empruntant la voie d’un pays plus fort et plus moderne, doté d’un système judiciaire modernisé, d’institutions plus fortes, et d’un bilan solide en matière de lutte contre la corruption, mais également d’un pays à l’économie plus verte, plus numérique et plus résiliente”, avait souligné à cette occasion Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Un montant nécessaire de 750 milliards d’euros avait alors été avancé par les autorités ukrainiennes. C’était avant les récentes campagnes de bombardements sur les infrastructures.
“La conférence de Lugano avait été initiée par le gouvernement ukrainien, précise Yehor Pyvovarov. Dans le cas de ce Forum d’investissement, il s’agit d’initier une coopération de ville à ville. Nous voulons démontrer l’importance et l’efficacité de ces réseaux. Kiev est jumelée à Bruxelles. Après la visite du bourgmestre Philippe Close en Ukraine, en mai dernier, des contacts fructueux ont été noués. C’est la première fois que le Forum de Kiev se déroulera en dehors de l’Ukraine. Le choix de Bruxelles, en tant que capitale de l’Europe, est important, cela montre que l’Europe est très présente.” De nombreux autres responsables de capitale des 27 seront présents à Bruxelles pour l’occasion.
“Les maires des villes martyrs de Boutcha et Irpin seront également à Bruxelles, prolonge Yehor Pyvovarov. Ces localités ont été détruites à 80%, leur destin a touché le monde entier. Nous travaillons aussi à la venue du maire de Marioupol. Ce sont des symboles de la résistance ukrainienne et de la cruauté russe. L’élaboration d’un plan de la reconstruction et une vision claire concerne Kiev, mais aussi ces villes où tout est à refaire.”
De nombreux domaines seront au menu des discussions, insistent les organisateurs: béton, verre, reconstruction d’autoroutes, de centrales énergétiques, industrie pharmaceutique, sphère médicale… En compagnie de responsables européens, cette réunion de haut niveau balisera une ambition à la hauteur du drame.
“Nous ne céderons pas!”
Depuis l’entame du conflit, les Ukrainiens sont passés maîtres dans l’art de la communication, dans tous les cénacles possibles, depuis l’Assemblée générale des Nations unies jusqu’au Festival de Cannes en passant par les réunions de ce type.
“L’Ukraine se bat pour défendre les droits démocratiques et la vision européenne du développement, souligne Vitali Klitschko, maire de Kiev, dans un message vidéo envoyé à l’occasion de ce forum. La Russie ne peut pas nous vaincre sur le champ de bataille. L’agresseur a dès lors changé de tactique et multiplie les attaques terroristes. Ils essaient de priver les Ukrainiens de chaleur, d’électricité et d’eau pour l’hiver. Mais les Ukrainiens ne céderont pas. C’est un défi, mais nous l’emporterons! Nous reconstruirons notre pays. Je suis persuadé que ce sera une chance pour moderniser notre ville et lui faire faire un grand pas en avant dans son développement.”
“Ces derniers temps en Ukraine ont été extrêmement dangereux, prolonge Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles. La Russie continue à détruire les villes et à tuer des gens innocents. Des centaines d’infrastructures sont visées. Kiev est une cible particulière parce qu’elle symbolise l’esprit de lutte sans failles des Ukrainiens, leur volonté de vivre en démocratie, en paix, avec les valeurs de liberté qui sont essentielles pour nous, en Europe. Bruxelles soutient les initiatives européennes pour la reconstruction et entend bien être à l’avant-garde la coopération entre les villes.”
Tandis que sa préoccupation pour ses proches coincés au pays se ressent dans les trémolos de sa voix, Yehor Pyvovarov espère que la mobilisation sera au rendez-vous. “Nous savons qu’il y aura une mission économique importante de la Belgique au Japon, au même moment, fin novembre, confie-t-il. Mais si les CEO ne peuvent pas être présents, qu’ils n’hésitent pas à envoyer leurs numéros deux.” C’est le début d’une belle aventure. Et un nouveau test pour la solidarité alors que la guerre est partie pour durer.
Retrouvez tous les informations concernant le Forum sur www.investinkyiv.info
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