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Récession, hiver à la bougie et fin du monde: vraiment?

Ravi de vous retrouver après la pause estivale. Pour vous parler de quoi ? Mais de ce qui agite nos experts depuis quelques semaines, à savoir un hiver que nous risquons de passer à la bougie à cause de la hausse du prix du gaz et plus globalement de l’énergie.

Et comme si cela ne suffisait pas, les mêmes experts nous prédisent les pires choses au niveau économique. Notamment une récession en Europe, après que les Etats-Unis soient déjà entrés en récession cet été. Fini le temps de l’ancien président Jimmy Carter, qui interdisait à son secrétaire d’Etat au Trésor d’utiliser le mot en “R”, car disait-il, il avait le don, ce mot “récession”, de perturber le citoyen et de l’inciter à se comporter en fourmi, contribuant ainsi à transformer en réalité, ce qui n’était qu’une prévision.

En effet, c’est assez étonnant de parler de récession, car pour l’heure, la réalité en Europe ne reflète pas encore ces drames annoncés. La preuve ? J’ai donné quelques coups de fils à des banquiers et tous me disent que leur portefeuille crédit se porte bien, qu’il n’y a pas de défauts anormaux à constater même si, bien entendu, ajoutent-ils “les patrons sont inquiets pour la rentrée” car ils lisent, comme vous et moi, la presse qui est en mode anxiogène.

L’autre paradoxe de cette récession, c’est que le taux de chômage est au plus bas aux Etats-Unis. Il est aussi en baisse en Europe, même chez nous en Belgique, sans oublier que c’est une drôle de récession avec des pénuries de main d’oeuvre dans énormément de secteurs, ce qui, avouez-le, n’est pas le propre d’une récession classique.

Quant à la fable répétée, depuis des années, et qui consiste à dire que seules des entreprises qui ont le “pricing power”, comme Apple, sont capables de répercuter la hausse des prix aux consommateurs, les analystes ont découvert que c’est faux : les résultats des entreprises du premier semestre montrent que presque toutes les entreprises ont pu refiler la hausse de l’inflation aux consommateurs ! Là encore, c’est une autre surprise pour les experts. Et si le “mistigri de l’inflation” a pu être refilé aux consommateurs, c’est parce que nous avions globalement un retard de consommation et un surplus d’épargne lié au Covid-19, période durant laquelle, nous – consommateurs – n’avons pas pu aller au resto ou voyager.

Bien entendu, les entreprises ne pourront pas éternellement refiler la hausse de leurs coûts aux consommateurs mais en attendant, elles l’ont fait. Tout cela pour vous signifier quoi ? Mais que pour certains observateurs, la récession est une bonne chose contrairement à ce qu’on pourrait croire. Etonnant ? Non, car mieux vaut une récession temporaire, de quelques mois, qu’une inflation qui dure et provoque des dégât sociaux mortels. La raison ? Qui dit récession, dit baisse de la demande, donc cela va permettre aux chaines d’approvisionnement mondiales de se remettre à fonctionner normalement, et donc, de mettre fin à ces goulots d’étranglement.

Bref, l’ensemble de cette mécanique se traduira par une baisse des prix. D’ailleurs, si le prix du pétrole baisse en ce moment, c’est parce que le marché anticipe une baisse de la demande mondiale. Et s’il y a baisse de l’inflation, il y aura aussi baisse des taux d’intérêt. Au final, oui, c’est paradoxal, mais pour que les taux baissent, il faut qu’ils montent d’abord. C’est une manière de faire atterrir l’économie en douceur. Et si vous vous demandez pourquoi la Bourse a retrouvé des couleurs, c’est parce que les investisseurs sont dans ce mode de raisonnement.

En résumé, l’économie ralentit, l’épargne des ménages, qui a servi d’amortisseur, fond comme neige au soleil car une partie de celle-ci a déjà été consommée. Quant aux pénuries d’emplois que l’on voit aux Etats-Unis et en Europe, le pari de certains analystes, c’est que ces pénuries vont, en partie – je dis bien en partie -, se résorber car ces personnes (qui avaient quitté le marché de l’emploi pour diverses raisons) devront revenir et accepter de répondre aux millions d’offres d’emplois non pourvues.

Bref, ce que j’ai partagé avec vous, c’est une vision, non pas “bisounours” de l’économie, mais moins apocalyptique que ce qu’on trouve dans la plupart des médias. Rassurez-vous, pareille thèse n’est pas minoritaire, elle est juste inaudible car elle ne fait pas de l’audimat !

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