RDC : la Belgique n’est plus un partenaire commercial majeur

Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge © Belga

Si les liens historiques entre la République démocratique du Congo et la Belgique restent forts, les liens commerciaux ont quant à eux décliné. C’est désormais la Chine qui domine les partenariats avec Kinshasa.

En 2021, le Congo n’était que le 71e client de la Belgique (373,3 millions d’exportations de biens vers la RDC), et son 93e fournisseur (84,9 millions d’importations), selon les chiffres de l’Agence belge pour le commerce extérieur. Il n’empêche que la Belgique reste le premier fournisseur européen de la RDC, comme l’a rappelé l’ambassadeur belge Jo Indekeu durant la semaine de mission économique qui vient de se terminer. Le pays y vend surtout des produits chimiques (dont médicaux), des machines et appareils, du carburant et des produits alimentaires.

Dans l’autre sens, les chiffres de 2020 montrent que les importations belges depuis la RDC étaient dominées par les pierres et métaux précieux, surtout des diamants. Métaux communs et alimentation ont aussi des parts importantes. Il faut y ajouter les “services” (transport, services aux entreprises, etc.), pour lesquels la balance commerciale belge est systématiquement excédentaire par rapport au Congo.

“Parler du potentiel de la RDC”

Le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge avait énuméré lundi les atouts de son pays, lors de l’ouverture officielle de la mission économique. “Il faut parler de la RDC et de son potentiel”, avait-il lancé. Avec ses 9 frontières, le pays est une porte vers “un vaste marché potentiel de 250 millions d’habitants”, avance le Premier ministre. La RDC à elle seule compte 89,6 millions de citoyens selon les derniers chiffres de la Banque mondiale.

Le plus grand pays d’Afrique subsaharienne a aussi des richesses naturelles exceptionnelles: “un massif forestier de 155,5 millions d’hectares” (cependant grignoté par la déforestation), des tourbières tropicales emmagasinant “plus de 30 gigatonnes de CO2, soit l’équivalent de deux ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre” (il s’agit des tourbières du Bassin du Congo, qui comprend aussi des territoires de Congo-Brazzaville, la République voisine, NDLR). Sa situation sur l’équateur et la présence du fleuve Congo, au débit puissant (seul l’Amazone a un débit moyen supérieur) offrent aussi au pays un important potentiel énergétique exploitable. Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge est bien placé pour parler d’un autre atout sur lequel compte la RDC, lui qui était jusqu’à début 2021 directeur général de la Gécamines, l’entreprise minière nationale: le pays est “un creuset minéralogique important dans le monde”, rappelait-il lundi, avec du cuivre, du cobalt, du manganèse, de l’uranium¿ “Le défi majeur demeure celui de la mise en valeur de toutes ces ressources”. Une piste mise en avant par le ministre de l’Industrie Julien Kahongia Paluku est celle des batteries électriques, dont la RDC dispose de matières premières précieuses.

Un climat des affaires à améliorer

Le Premier ministre, comme d’autres responsables, a répété durant la semaine la volonté du pouvoir d’améliorer le “climat des affaires”, de favoriser l’entreprenariat et les investissements, à coups de réformes profondes qui ont été, pour certaines, déjà mises en chantier. Jean-Marc Chataigner, ambassadeur de l’UE en RDC, a confirmé les difficultés qui subsistent. “Le pays est sous-développé sur le plan numérique, avec 80% de la population qui n’a pas accès à internet”, a-t-il observé. Par ailleurs, il y a un “vrai souci de mobilisation de ressources fiscales”, sachant que “85% de l’économie est informelle”.

Sur le plan législatif, judiciaire (“il y a une tendance à la pénalisation des affaires commerciales”), sur celui de la gouvernance, il y a des éléments potentiellement problématiques pour de possibles investisseurs ou partenaires commerciaux, avance Jean-Marc Chataigner. Mais “les indicateurs macroéconomiques sont très encourageants”, et “il y a une prise de conscience au plus haut niveau de l’État de la nécessité d’améliorer le climat des affaires”, confirme-t-il.

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