Rapport du FMI sur la Belgique: “Les réformes commencent à payer”

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Les experts du FMI donnent un bon bulletin à la Belgique, mais avertissent le gouvernement de ne pas s’endormir sur ses lauriers en cette période pré-électorale.

Le mois de décembre apporte son lot d’habitudes : la magie de la Saint-Nicolas, le stress du dernier rush dans les magasins pour préparer Noël et … la présentation dans les locaux de la Banque nationale du rapport de la mission de consultation du Fonds monétaire international sur l’économie de la Belgique. Une mission, conduite par Christian Mumssen, qui a passé deux semaines à interroger les membres du gouvernement, la Banque nationale, les partenaires sociaux…

Au final, le bulletin est bon. “L’image donnée par l’économie belge est plus radieuse”, note d’emblée Christian Mumssen. Les prévisions de croissance ont en effet été revues à la hausse et le Fonds table sur 1,7% cette année et près de 2% l’an prochain. Et du même coup, le déficit budgétaire devrait se réduire et passer de 2,5% du PIB l’an dernier à 1,25% cette année. Et cerise sur le gâteau, la croissance est porteuse d’emplois. La raison derrière ces belles performances est double : d’abord, la croissance est meilleure un peu partout en Europe, observe Christian Mumssen. Mais “les réformes entreprises par le pays commencent aussi à payer”, ajoute-t-il, citant la réforme des pensions, le saut d’index et le tax shift.

Attention à toutefois à ne pas s’endormir sur ses lauriers. Cet environnement économique favorable doit être “l’occasion de jeter les bases d’une croissance plus forte et plus inclusive à l’avenir”, souligne le FMI, pour qui il est “crucial de reconstituer les marges budgétaires en s’acheminant progressivement vers un budget équilibré”.

Triple message budgétaire

Les experts du Fonds adressent donc un triple message au gouvernement.

Le premier est qu’il est important de garder le cap. Attention à cette période pré-électorale qui vient et qui est souvent propice à abaisser les recettes fiscales et augmenter les dépenses.

Le deuxième concerne les réformes fiscales. Le FMI salue la réforme de l’Isoc et notamment la baisse du taux nominal de l’impôt qu’il juge “appropriée”. Il souligne néanmoins que les prochaines mesures du tax shift, qui réduiront encore le coût du travail, doivent être compensées afin de maintenir la neutralité budgétaire.

Où trouver l’argent ? En “élargissant l’assiette fiscale et en remédiant “aux distorsions”, propose le FMI. L’institution vise particulièrement l’écart qui existe entre la ponction de 30% qui frappe désormais les revenus de dividendes ou d’intérêt et … l’absence de taxation sur les plus-values. Christian Mumssen rappelle qu’en France, Emmanuel Macron a instauré une flat tax qui traite de la même manière les revenus du capital, quelles que soient leur origine et qui ne pousse donc pas les agents à réaliser des opérations dans un simple but d’arbitrage fiscal.

Le Fonds propose aussi d’augmenter la fiscalité des voitures de société et d’instaurer une fiscalité plus verte.

Enfin, son dernier message budgétaire concerne les dépenses. Pour faire simple, la Belgique souffre de trop de dépenses courantes et de trop peu de dépenses d’investissements publics, notamment dans l’énergie et les transports.

Intégration, productivité… encore des efforts

Et puis, professeur intransigeant, le FMI rappelle les points faibles de l’économie belge qui doivent être travaillés.

Il y a d’abord cette trop grande disparité sur le marché du travail : la Belgique crée des jobs, oui, mais c’est un des pays ou, par exemple, l’intégration de la main-d’oeuvre immigrée est la moins aboutie. Le FMI souligne la nécessité de “débloquer le vaste potentiel inexploité du marché du travail belge en améliorant l’enseignement et la formation des groupes vulnérables”.

Il y a aussi ces mauvaises performances, observées depuis des années, du taux de croissance de la productivité. Sur ce terrain, nos voisins nous dépassent depuis au moins vingt ans. Les raisons de ce retard ? Le manque de concurrence dans certains services (dans l’énergie et les services aux entreprises) et, à nouveau, les investissements publics trop faibles. Les faiblesses de nos infrastructures se répercutent naturellement sur notre productivité.

Dernier point d’attention : le marché immobilier. Le Fonds ne crie pas “à la bulle”, mais il est très attentif à l’évolution du marché résidentiel et du ratio d’endettement des ménages par rapport à leur revenu. Le FMI soutient donc les propositions de la Banque nationale qui désire augmenter les exigences de fonds propres des banques belges.

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