Qui va payer l’indexation des APE?

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Puéricultrices, animateurs culturels, agents de propreté, aides à domicile… quelque 65.000 personnes travaillent en Wallonie sous le statut APE. Ces emplois sont subsidiés par la Wallonie, qui a prévu à cet effet la coquette somme de 1,187 milliard d’euros en 2022. Le problème, c’est que ce montant a été décidé l’an dernier, lors de l’élaboration du budget, et qu’il n’a pas intégré le fait que les salaires devraient être indexés automatiquement à quatre reprises au cours de cette année. Qui va payer ces indexations : les employeurs (communes, cpas, asbl du non-marchand, bibliothèques, centres culturels etc) ou le pouvoir subsidiant, à savoir la Wallonie ?

La question est revenue au Parlement wallon par l’entremise d’une proposition de résolution du PTB, visant à indexer les dotations régionales dès ce mois de juillet, sans attendre l’échéance réglementaire de janvier 2023. Mais la Wallonie a-t-elle les moyens d’assumer cette quadruple indexation des APE, qui coûterait de 30 à 50 millions d’euros ? Dans les rangs de la majorité, on souhaite que les employeurs publics et non-marchands prennent en charge une partie de la facture. “Soyons clairs : après un ajustement budgétaire qui a dû aller rechercher des moyens, je ne suis pas sûr que l’on dispose de 30 millions d’euros dans le budget des dépenses ordinaires pour compenser la différence d’indexation, assène le chef de groupe Ecolo Manu Di Sabato. Tout le monde va devoir faire des efforts.

Même son de cloche chez la ministre de l’Emploi Christie Morreale (PS), qui rappelle que les indexations prévues gonflent déjà la facture de 200 millions d’euros dans ses seuls départements. “Nous devons devrons essayer de faire preuve de créativité, pour trouver les réponses les plus adaptées en fonction des capacités des uns et des autres, en ce compris celles de la Région “, précise la ministre.

Quant au MR, il estime, par la voix de la députée Rachel Sobry, que “l’heure est, si pas aux économies, à tout le moins à la responsabilisation “. “Les APE sont des aides à la mise à l’emploi, ce qui les rend de facto temporaires et non une subvention de fonctionnement, rappelle Rachel Sobry. Je ne pense pas que le problème soit de travailler en enveloppe fermée.

La députée libérale a pointé un autre écueil : les subsides étant lié au maintien de l’emploi, la structure locale qui devrait licencier une partie de son personnel APE pour assumer le coût de l’indexation des salaires serait pénalisée dans le budget 2023. Christie Morreale s’est voulue rassurante sur ce point. “Il n’y aura pas de double-peine, dit-elle. Les employeurs qui n’ont pas été en capacité de maintenir tous les emplois en raison de l’inflation pourront obtenir une dérogation.”

Dans l’opposition, les Engagés sont convaincus que les finances wallonnes peuvent prendre en charge l’indexation des salaires des APE. “Si vous ne venez pas avec un amendement lors de l’ajustement budgétaire, vous pouvez compter sur le groupe des Engagés pour le faire, affirme la députée Alda Greoli. Si vous ne le faite pas, Les Engagés feront une proposition qui permettra de sauver le secteur non marchand.” Cette proposition, ajoute-t-elle, sera “budgétairement responsable” et indiquera où faire les économies pour permettre de trouver les moyens nécessaires à cette indexation.

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