Qui payera la facture pour la reconstruction de l’Ukraine?

Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, le 22 avril.

L’Union européenne travaille sur la manière de financer la reconstruction de l’Ukraine. Où trouvera-t-elle l’argent et comment évitera-t-elle de le gaspiller?

À Marioupol, et dans d’autres villes de l’est de l’Ukraine, les roquettes et l’artillerie russes ont détruit des gares, des ports, des tours de télécommunications et touché plus d’un millier d’écoles. Selon l’École d’économie de Kiev, les dégâts matériels s’élevaient à quelque 104 milliards de dollars à la fin du mois de mai. De plus l’économie va se contracter de près de 50 % cette année.

Les alliés de l’Ukraine ont promis de l’argent pour assurer le fonctionnement du pays pendant la guerre et surtout pour le reconstruire après celle-ci. Une estimation précise de cette reconstruction est impossible, mais les estimations varient de 200 à 500 milliards de dollars, voire même plus. D’où viendra l’argent ? Comment organiser l’aide sans violer les règles institutionnelles ou les sensibilités politiques ? Et l’Ukraine a-t-elle un bas de laine ou peut-elle s’en constituer un ?

L’Union européenne pourrait prêter l’argent. Une idée soutenue par les membres de l’Union qui sont eux même un peu à court de liquidités. La France pourrait y voir une occasion de renforcer le rôle de l’Europe sur le plan international. L’Allemagne hésite, car elle s’inquiète de sa dette nationale déjà élevée. Le gouvernement néerlandais n’a accepté le fonds de reconstitution dela crise sanitaire qu’une seule fois et ne veut pas rompre sa promesse aux électeurs.

Ensuite, il y a la question de savoir qui dépense l’argent, à quoi. La Commission européenne a proposé une plateforme, qu’elle supervisera en collaboration avec le gouvernement ukrainien. Cette plateforme coordonnerait l’aide de l’UE et de ses États membres, d’autres pays (dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, le Japon et la Corée du Sud) et des prêteurs internationaux tels que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Corruption

Tout le monde s’accorde à dire que l’UE doit jouer un rôle au premier plan, mais certains craignent un ralentissement de ce rôle à cause de la bureaucratie européenne et la nécessité d’un consensus. En outre, toutes les parties, ayant un rôle à tenir dans cette reconstruction et des intérêts, ne sont pas membres de l’Union. Les États-Unis et la Grande-Bretagne jouent un rôle majeur en Ukraine, et des institutions, telles que la Banque mondiale, ont leurs propres règles et priorités. Cela plaide en faveur d’une forme plus souple de coopération entre les différents donateurs. L’UE peut se concentrer sur les réformes institutionnelles, l’intégration économique et le développement, tandis que les États-Unis aident l’Ukraine à renforcer ses forces armées et l’industrie de la défense. Le FMI accompagnerait la restructuration de la dette de l’Ukraine et pourrait mettre sur pied un programme de prêts. Mais une telle décentralisation comporte un risque de duplication des efforts. Elle peut également rendre plus difficile la détection d’une éventuelle corruption.

Une façon de rassurer les donateurs serait de travailler avec des entrepreneurs étrangers qui ont de l’expérience dans les grands projets d’infrastructure, explique Natalie Jaresko, qui a été ministre des Finances de l’Ukraine de 2014 à 2016. Une autre possibilité serait de mettre en place un tribunal avec des juges étrangers pour régler les conflits liés à cette reconstruction, car il ne sera pas aisé d’attirer les investissements du secteur privé dans un pays déchiré par la guerre et réputé pour sa corruption.

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