Quel futur économique pour Cuba après la mort de Fidel Castro ?

Fidel Castro © Reuters

L’avenir du communisme à Cuba, la poursuite de l’ouverture économique ou le futur des relations avec les Etats-Unis après l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche: plusieurs questions se posent après la disparition de Fidel Castro.

L’adieu au communisme ?

Non, à en croire plusieurs experts interrogés par l’AFP. “Le socialisme cubain a survécu à la longue maladie de Fidel Castro, il survivra probablement à sa mort”, estime Jorge Duany, directeur de l’Institut de recherche cubaine de l’Université internationale de Floride.

En accord avec le modèle soviétique, les Cubains bénéficient de la gratuité dans les domaines de la santé et l’éducation mais leurs salaires sont les plus bas du continent, et l’Etat, qui contrôle 80% de l’économie, souffre d’inefficacité.

A l’avenir, la préservation d’un “Etat-providence centralisé, avec un seul parti politique (communiste) et monopolisant les moyens de production et de communication”, risque néanmoins d’être difficile, ajoute l’expert.

Pour Arturo Lopez-Levy, professeur à l’Université du Texas Rio Grande Valley, la population cubaine est plutôt “conservatrice” s’agissant de la paix sociale, ce qui n’incite pas à imaginer l’émergence de tensions après la mort de Fidel Castro.

D’autant que l’opposition est, selon lui, déconnectée “des problèmes centraux du Cubain moyen” et que ses représentants sont assimilés au discours ferme du président élu républicain Donald Trump qui tranche avec l’ouverture amorcée par le démocrate Barack Obama à l’égard de Cuba.

Quid de l’ouverture économique ?

“La mort de Fidel Castro va probablement accélérer les réformes économiques engagées par son frère Raul”, estime Jorge Duany. “Mais il faudra attendre le départ du pouvoir de ce dernier en 2018 pour avoir plus de clarté sur d’éventuels changements substantiels”, ajoute-t-il.

Sans sortir du communisme, le frère cadet des Castro, 85 ans, a procédé à des ouvertures prudentes dans les domaines du travail privé et des investissements étrangers. Les conditions sont ainsi meilleures pour que Cuba poursuive les réformes, fait valoir Arturo Lopez-Levy.

Pour cet expert, la clé réside dans le fait que de bonnes relations diplomatiques sont désormais consolidées. L’île “est plus intégrée que jamais dans son environnement régional” et a des liens d’affinité avec les deux alliés des États-Unis (Europe et Japon) comme avec les rivaux de ces derniers (Russie et Chine), précise-t-il.

L’approche “pragmatique” du gouvernement cubain permet à Raul Castro d’avoir une plus grande marge de manoeuvre pour poursuivre “l’actualisation” du modèle cubain, abonde Jorge Duany.

Quel avenir face à Donald Trump ?

Lors de sa première déclaration sur Cuba depuis son élection, le président élu américain a qualifié Fidel Castro de “dictateur brutal” et a promis de faire “tout son possible” pour offrir aux Cubains “la prospérité et la liberté”.

“Dans un moment aussi sensible pour les Cubains, parler de cette manière montre une formidable incapacité en diplomatie internationale”, estime l’universitaire Jesus Arboleya, ancien diplomate cubain.

Jorge Duany est plus prudent. “Tout indique que les relations entre Cuba et les États-Unis seront plus tendues sous l’administration Trump que sous celle d’Obama”. “Cependant, nous ne savons pas exactement ce que sera la politique du nouveau président”.

Pour Arturo Lopez-Levy, il serait rationnel que Washington interprète la mort de Fidel Castro comme une accentuation de la transition opérée à Cuba.

Mais les déclarations de Donald Trump sont “très négatives” pour le dialogue à venir avec l’administration américaine, objecte Jesus Arboleya.

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