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Primark, la fin du monde et les fins de mois

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La chaine d’habillement à bas prix Primark promet des vêtements moins polluants pour d’ici 2030. C’est une excellente nouvelle quand on sait que le secteur textile – et surtout celui de la ” mode jetable ” est considéré comme un grand pollueur devant l’éternel.

Le secteur textile est, non seulement mal vu sur le plan environnemental, mais également sur le plan social. Tout le monde se souvient encore du scandale provoqué par l’effondrement du Rana Plaza, un atelier de confection industriel au Bengladesh qui s’est effondré et qui a montré au monde entier les conditions souvent atroces dans lesquelles les ouvriers du textile travaillent pour nous permettre de nous habiller à très bas prix.

La direction de Primark s’est donc engagé à fabriquer tous ces vêtements à partir de matériaux recyclés ou issus de sources plus durables, et dans le même temps comme dirait Emmanuel Macron, Primark s’engage à revaloriser les salaires de ces ouvriers. L’annonce a sans doute surpris quand on sait que Primark, c’est des mini-prix mais aussi des maxi-profits. Juste pour vous donner une idée, un magasin Primark, c’est généralement une surface de 7.000 mètres carrés et 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. C’est la raison pour laquelle Primark prend un temps dingue à bien choisir sa localisation. Les bourgmestres de nos villes en savent quelque chose car il n’hésitent pas à faire la danse du ventre pour attirer ce genre d’enseigne notamment pour revitaliser un centre-ville moribond.

En réalité, la direction de Primark n’a fait que suivre le mouvement. Et si le textile est en train de faire sa mue, l’immobilier suit aussi le même chemin. Là encore, on oublie trop souvent que les bâtiments représentent 40% des émissions de gaz à effet de serre. Dans le domaine, l’Europe est encore à la traîne. Selon les experts, si on veut inverser la tendance, il faudrait tripler les efforts pour renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments actuels qui sont souvent des passoires thermiques. Là encore, le secteur immobilier va le faire, pas uniquement pour nos beaux yeux ou pour sauver notre planète, mais parce que les règles urbanistiques seront de plus en plus contraignantes. Avec le risque par exemple que des bâtiments qui ne seront pas conformes aux nouvelles règles énergétiques ne pourront pas être mis en location.

Vous voyez, il y a les bons sentiments, la carotte, mais le bâton se révèle souvent plus efficace. Exactement comme pour le secteur automobile qui après le scandale des moteurs diesels truqués est en train de passer à l’électrique à une vitesse plus rapide que prévue.

Mais au final, le renchérissement des prix de l’immobilier liés aux adaptations énergétiques, le passage des voitures thermiques aux voitures électriques forcément plus chères, la hausse des prix des vols aériens, et sans doute la hausse du prix du textile – tout cela montre que l’écologie est d’abord dans un premier temps l’ennemi du pouvoir d’achat des classes populaires et des classes moyennes. C’est un peu le choix qui nous est offert aujourd’hui : choisir entre la fin du monde ou les fins de mois !

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