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Pouvoir d’achat: sait-on vraiment de quoi on parle ?

Le pouvoir d’achat est un terme très souvent utilisé. Quand certains disent qu’on “redonne du pouvoir d’achat”, d’autres rétorquent qu’il est “sacrifié”. Mais sait-on vraiment de quoi on parle ?

Intuitivement, le terme dit bien ce qu’il représente : le pouvoir d’achat, c’est notre capacité à acheter. Ceci étant, l’évaluer n’est pas si facile que cela : il dépend de notre revenu net (toutes formes de revenus confondues) mais aussi de l’évolution des prix de ce que nous consommons. Or, ce que nous consommons évolue dans le temps, et les prix de ce que nous consommons évoluent différemment. Imaginez, par exemple, que vous vous mettez subitement à consommer un nouveau produit au lieu d’un autre ; comment votre pouvoir d’achat évolue-t-il ? La réponse n’est pas simple. Bref, on a tous une idée intuitive de la manière dont a évolué notre pouvoir d’achat, mais entre l’évolution des revenus, le gel des salaires, le saut d’index et l’inflation en forte hausse, on aurait parfois du mal à le calculer réellement.

Un peu de recul

Au niveau macroéconomique, la chose est un peu plus facile. On dispose en effet de données sur le revenu de l’ensemble des ménages. On sait également le total de leurs dépenses de consommation et on sait même comment a évolué en moyenne le prix de ce qu’ils consomment. Dès lors, l’évolution du pouvoir d’achat des ménages, qui n’est rien d’autre que l’évolution du revenu disponible diminué de l’inflation, peut être facilement mesurée.

Rupture

L’économie va mieux, ses fondamentaux commencent, lentement, à se normaliser, et tout indique que cette situation devrait se poursuivre en 2017.

L’évolution récente du pouvoir d’achat (macroéconomique) est intéressante à plus d’un titre. Selon les dernières statistiques disponibles de la Banque nationale, le revenu disponible des ménages progressait de pas moins de 4 % sur un an au troisième trimestre de 2016. C’est un chiffre en rupture par rapport aux dernières années, et d’autant plus remarquable qu’on n’avait plus rencontré une croissance aussi élevée depuis le début de la crise financière. Au même moment, l’inflation s’élevait à 2 % environ, ce qui laissait une croissance du revenu disponible réel, donc du pouvoir d’achat, de 2 % également. Pour être complet, précisons que le nombre de ménages augmentant aussi (environ de 0,8 % par an), la hausse de pouvoir d’achat par ménage s’élève à un peu plus de 1 % sur un an. Cette hausse du pouvoir d’achat a suffi à relancer la consommation des ménages qui, il est vrai, avait connu un coup de mou entre fin 2015 et la mi-2016. L’accélération du revenu disponible est même suffisante pour à la fois relancer la consommation et stabiliser le taux d’épargne. Ceci représente une autre rupture par rapport aux dernières années, dans la mesure où l’accroissement de la consommation des ménages se faisait presque sans cesse au sacrifice d’une diminution du taux d’épargne.

Ça va mieux !

Bien sûr, les chiffres macroéconomiques peuvent cacher des évolutions très contrastées et donc, des inégalités. En souscrivant à un certain défaitisme ambiant, on pourrait en effet penser que la hausse du revenu disponible se concentre sur une petite frange de la population aux revenus les plus élevés. Pour être honnête, il est impossible de prouver le contraire sur base des chiffres macroéconomiques. Ceci étant, différents indices tendent plutôt à montrer que cette hausse du revenu et donc du pouvoir d’achat est dispersée : d’une part, la hausse du revenu du travail salarié, bien que plus modeste que la hausse du revenu global des ménages, est liée aux nombreuses créations d’emplois en 2016. Si, en termes réels, le revenu de chaque travailleur n’a pas augmenté, plus de personnes ont bénéficié d’un tel revenu, ce qui est une bonne nouvelle. D’autre part, au troisième trimestre de 2016 et toujours selon les chiffres officiels, le montant total des impôts prélevés avait diminué de 3 % sur base annuelle et le montant net des transferts sociaux (prestations, prélèvements) avait triplé. Il est difficile d’imaginer que ces évolutions soient le reflet d’un creusement des inégalités.

En conclusion, même si ces chiffres peuvent être encore révisés, qu’ils restent somme toute modestes et qu’ils cachent encore bien des difficultés dans l’économie belge, ne boudons quand même pas notre plaisir : l’économie va mieux, ses fondamentaux commencent, lentement, à se normaliser, et tout indique que cette situation devrait se poursuivre en 2017. Bien des choses peuvent encore mal se passer, la bataille de la reprise n’est pas encore gagnée, mais quelques bonnes nouvelles, ça fait quand même du bien.

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