Pourquoi Yanis Varoufakis a vraiment démissionné

Yanis Varoufakis © Reuters

À la surprise générale, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a démissionné de son poste ce lundi matin. Une décision en forme de sacrifice sur l’autel des négociations de la part du Premier ministre Alexis Tsipras, mais pas uniquement…

“On m’a informé d’une certaine préférence de certains membres de l’Eurogroupe, et de ‘partenaires’ associés, (…) pour mon ‘absence’ des réunions; une idée que le premier ministre (Alexis Tsipras) a jugé potentiellement utile à l’obtention d’un accord. Pour cette raison je quitte le ministère des Finances aujourd’hui”, a expliqué Yanis Varoufakis sur son blog ce lundi. Une démission de sa part était certes dans l’air, mais seulement en cas de victoire du ‘oui’ au référendum.

Si Varoufakis a fait lui-même cette annonce, la décision a bel et bien été prise par Alexis Tsipras. Le Premier ministre grec aurait choisi de sacrifier son bouillant ministre, qu’il avait jusque-là toujours soutenu, dans un geste d’apaisement envers les créanciers de la Grèce.

La réalité serait cependant un peu plus compliquée, selon le politologue Elias Nikolakopoulos. “Tsipras et Varoufakis ont négocié pour trouver ce compromis et permettre à Varoufakis de faire cette déclaration qui sauve son honneur, mais, au fond, Tsipras était furieux de ce que le ministre des Finances a fait hier soir”, affirme-t-il sur le site du Monde. Au mépris de l’usage politique grec, Yanis Varoufakis a pris la parole avant son premier ministre. “Il a parlé sur un ton donneur de leçon et triomphaliste alors que le premier ministre attendait patiemment son tour pour lancer un message mesuré et d’appel à l’union nationale.”

Alexis Tsipras savait son ministre des Finances grillé auprès des négociateurs, mais également qu’il était encore très populaire auprès de la population grecque. “Ce manquement à l’étiquette a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, conclut Nikolakopoulos.

Avec son style direct, désinvolte et volontiers provocateur, Yanis Varoufakis, en poste depuis seulement cinq mois, était rapidement parvenu à se mettre à dos une bonne partie des négociateurs des créanciers de la Grèce. Il y a deux mois, Alexis Tsipras avait déjà remplacé son ministre des Finances par Euclide Tsakalotos en tant que chef de l’équipe des négociateurs dans un souci d’apaisement avec les créanciers.

Malgré cette démission ‘forcée’, Yanis Varoufakis continue tout de même à soutenir le gouvernement Tsipras. “J’endosserai l’aversion des créanciers avec fierté”, conclut-il, fidèle à son style.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content