Pourquoi seuls 20% des réfugiés ukrainiens ont trouvé un emploi en Belgique… alors qu’ils sont 80% aux Pays-Bas?

Pour Steven Vanackere, vice-gouverneur de la Banque nationale et vice-président du Conseil supérieur de l’emploi: “Quelque chose chez nous n’encourage pas à travailler”.

Dans un entretien donné voici quelques jours à L’Echo, Steven Vanackere, vice-gouverneur de la Banque nationale et vice-président du Conseil supérieur de l’emploi, pointait cet exemple frappant pour montrer que notre marché de l’emploi ne fonctionnait pas bien : “20% des réfugiés ukrainiens arrivés en Belgique ont trouvé un emploi. Ils sont presque 80% aux Pays-Bas. Quelque chose chez nous n’encourage pas à travailler”, disait-il.

Pour Steven Vanackere, vice-gouverneur de la Banque nationale et vice-président du Conseil supérieur de l'emploi:
Pour Steven Vanackere, vice-gouverneur de la Banque nationale et vice-président du Conseil supérieur de l’emploi: “Quelque chose chez nous n’encourage pas à travailler”.© Belgaimage

Ce constat est d’ailleurs confirmé par les derniers chiffres d’Actiris, l’organisme bruxellois qui accompagne les chercheurs d’emploi dans la capitale. L’an dernier, le nombre de chômeurs a baissé de 2,9% en région bruxelloise. Mais la baisse aurait été de 3,7% s’il n’y avait eu l’arrivée de 1.529 Ukrainiens qui, pour la plupart, n’ont pas de travail.

Si le taux de chômage est tombé à 5,6% chez nous, il est à 3,6% aux Pays-Bas.

On n’énumérera pas toutes les différences entre la Belgique et les Pays-Bas. Mais il est évident que la qualité de l’enseignement, la très bonne connaissance de l’anglais par une forte majorité de Néerlandais, la politique d’activation, la mise en place d’aides ciblées comme par exemple des incitants fiscaux pour les usagers des transports en commun qui travaillent et, en général, une meilleure organisation des services qui permettent de réduire les frais engagés par les travailleurs pour aller travailler, tout cela joue un rôle pour pousser ceux qui habitent aux Pays-Bas à trouver un emploi.

A l’inverse, malgré de bonnes performances générales ces dernières années, le marché du travail chez nous est en effet loin d’être optimal, tant au niveau de la formation que de l’activation des personnes qui ne travaillent pas.

Insupportable paradoxe

Certes, notre pays a créé 200.000 emplois ces deux dernières années. Le taux d’emploi (la proportion de personnes ayant un emploi parmi la population en âge de travailler) est remonté, mais il est encore, à 73,2%, encore très loin de l’objectif de 80% que nous sommes censés atteindre dans 7 ans. L’insupportable paradoxe que nous avions épinglé en septembre 2021 ne se résout pas : d’un côté, il y a 211.000 offres d’emplois qui cherchent preneur. De l’autre, il y a 300.000 chômeurs (des personnes qui sont sur le marché de l’emploi mais qui ne trouvent pas de travail) et 600.000 inactifs (des personnes en âge de travailler mais qui ne sont pas sur le marché de l’emploi).

Dès lors, lorsque De Standaard demande à Rudy Provoost, le nouveau patron du Voka (le lobby des entreprises flamandes) quelle est selon lui la priorité absolue, il répond naturellement : “L’augmentation du taux d’emploi est la priorité numéro un pour moi. Il est indéfendable qu’il y ait des centaines de milliers de personnes inactives. Surtout avec la hausse des coûts de la main-d’oeuvre qui menace notre compétitivité. Avec un taux d’emploi élevé, il est plus facile de faire quelque chose à ce sujet et de réduire ainsi la charge sur le travail.”

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