Pourquoi la natalité mondiale dégringole

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Le nombre des naissances diminuera partout en 2018, sauf en Afrique.

Tout au long de l’époque moderne, une constante s’est confirmée : il y a toujours eu plus de nouveau-nés. Même si le taux de fécondité mondial chute depuis les années 1960, le nombre de femmes a augmenté plus rapidement, c’est pourquoi la progression du nombre de naissances s’est poursuivie. Une légère baisse des naissances a été enregistrée dans les années 1970 puis dans les années 1990, mais ces deux exceptions n’étaient que des anomalies sur une courbe en forte croissance.

Mais la planète atteint actuellement un pic. Les démographes des Nations unies estiment qu’il y aura 140,89 millions de naissances en 2018, soit 61.000 de moins qu’en 2017. Le nombre d’enfants devrait chuter ces prochaines années, pour enfin arriver à son apogée à la fin des années 2040 avec un effectif 1,5 % supérieur à celui d’aujourd’hui. Les évolutions seront subtiles et nous en savons très peu sur certains grands pays (ce qui n’a rien de rassurant) : le dernier recensement au Congo date par exemple de 1984. Il faut donc imaginer non pas une courbe aussi régulière qu’un versant du mont Fuji, mais plutôt les escarpements de la montagne galloise de Snowdon, dont le sommet est une crête bosselée souvent brumeuse.

Les petits qui naîtront en 2018 ne ressembleront pas à ceux d’avant. C’est en Asie que verra le jour plus de la moitié des bébés – comme d’habitude, mais de justesse. Le continent est en effet sur le point de perdre sa place de pouponnière mondiale au profit de l’Afrique subsaharienne. En 1990, 19 % seulement des nouveau-nés venaient au monde en Afrique, contre 31 % en 2018. Si les estimations des Nations unies sont justes, les bébés nigérians seront plus nombreux que les bébés chinois d’ici à la fin des années 2050. C’est un indice précoce de l’une des grandes tendances du 21e siècle : l’africanisation de la population mondiale.

Les gens que la croissance démographique tracasse étaient autrefois obnubilés par l’Asie. Dans son ouvrage paru en 1968, La Bombe P, Paul Ehrlich accordait une place de premier plan à l’Inde. Mais son taux de natalité s’est effondré. Le pays s’approche déjà du seuil de renouvellement, qui est d’environ 2,1 enfants par femme dans les pays riches mais légèrement plus élevé en Inde. Au Bangladesh et au Mexique, le nombre des naissances risque déjà d’être insuffisant pour que ces pays conservent un solde naturel positif. Le Brésil et l’Iran se trouvent déjà bien en deçà du seuil de renouvellement, comme tous les pays européens et les Etats-Unis.

Pourquoi la natalité mondiale dégringole

En grandissant, les bébés de 2018 créeront de nouvelles tendances migratoires. Comme les pays d’Amérique centrale donnent naissance à moins d’enfants, la pression sur la frontière sud des Etats-Unis sera atténuée. Au contraire, le poids démographique de l’Afrique se fera d’autant plus ressentir en Europe. Mais le couloir migratoire à suivre de près est celui qui relie les pays africains très jeunes aux pays asiatiques en voie de vieillissement accéléré.

A de nombreux égards, le ralentissement des naissances est une bonne nouvelle. Un taux de natalité élevé est souvent le signe que les femmes ne peuvent pas maîtriser leur nombre de grossesses, car elles n’ont pas accès à des méthodes adaptées de contraception ou parce qu’elles n’ont pas leur mot à dire au sein du foyer. Pour les Etats, une baisse des naissances signifie qu’il y aura moins d’enfants à scolariser. Mais cette tendance augure aussi de nouveaux problèmes. Les métropoles indiennes comptent déjà de très nombreuses cliniques spécialisées dans la procréation assistée. Certaines pratiquent discrètement l’avortement des filles non désirées, mais la plupart aident des couples qui rencontrent des difficultés à procréer après avoir reporté la parentalité pour se consacrer à leur carrière. Ce qui était autrefois un problème dans les pays riches devient aujourd’hui une tendance mondiale.

Par Joel Budd.

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