Pourquoi la guerre commerciale lancée par Trump peut coûter cher aux États-Unis

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Les taxes sur l’importation d’acier et d’aluminium européen, canadien et mexicain déplaisent aux constructeurs automobiles américains et à d’autres industriels. Car le cours de l’acier ” made in USA ” a explosé.

Les Européens sont secoués par les premières salves de la guerre commerciale que lance Donald Trump. Mais celui-ci ne se tire-t-il pas une balle dans le pied ? C’est l’impression que donne le président américain avec cette mesure abrupte d’imposer, à partir du 1er juin, une taxe de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium pour les Européens, Canadiens et Mexicains. Cela concerne la Belgique, qui a exporté 153.590 tonnes d’acier fini aux Etats-Unis l’an dernier et, dans une plus grande mesure encore, le Grand-Duché de Luxembourg (206.957 tonnes).

Si les sidérurgistes américains sont aux anges, ce n’est pas le cas des industriels américains qui consomment ces métaux : le marché de l’acier a anticipé cette guerre commerciale, le prix de la tonne d’acier produit aux Etats-Unis ayant augmenté de 37 % depuis le début de l’année, contre + 2 % pour la tonne européenne. D’où qu’il vienne, l’acier sera cher, les fabricants d’automobiles, d’électroménager ou de matériel agricole verront leurs coûts augmenter et leur compétitivité à l’exportation reculer.

Le précédent malheureux de 2002

Cette situation n’est pas nouvelle : le président Georges W. Bush avait imposé une taxe protectionniste sur l’acier (de 8 à 30%) mais l’avait retirée en 2003, après 21 mois de mise en oeuvre, sous la pression des industriels américains. ” La dernière fois que les Etats-Unis ont imposé des tarifs pour l’acier (importé), en 2002, plus de 200.000 personnes ont perdu leur emploi dans les entreprises manufacturières américaines “, se plaint la Coalition of American Metal Manufacturers and Users, un lobby d’entreprises consommatrices d’acier. Cette coalition estime que les tarifs actuels pourraient avoir des conséquences encore ” plus graves pour les entreprises américaines car les tarifs de 2002 ne s’appliquaient pas au Canada ni au Mexique “.

Donald Trump ne fait donc qu’exacerber une approche que les Etats-Unis ont toujours suivie : un mélange de libre-échange et de mesures protectionnistes.

Le bras de fer le plus risqué pour l’Europe est sans doute à venir. L’administration Trump a en effet récemment lancé une enquête sur l’impact des importations automobiles sur la sécurité nationale, le même genre d’enquête qui a mené à la taxe sur l’acier et l’aluminium. Les pays les plus touchés par une éventuelle taxe sur les importations automobiles seraient – par ordre d’importance – le Mexique, le Canada, le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud.

Les constructeurs américains pourraient à la fois y gagner et y perdre. Car tous produisent en partie leurs véhicules hors des Etats-Unis et les importent. Beaucoup du Mexique, mais aussi d’Italie, où sont fabriquées les Jeep Renegade. La Belgique pourrait aussi subir un effet car nous exportons des voitures Volvo vers les Etats-Unis.

L’Union européenne a annoncé introduire des recours auprès de l’Organisation mondiale du commerce. Les Etats-Unis ne s’en soucient guère : ils ont bloqué la nomination de juges pour l’instance d’appel de l’organisation.

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