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‘Pourquoi l’affaire Arco est un véritable scandale d’Etat’

L’affaire Arco est un scandale d’Etat. Elle montre combien le système repose sur des achats systématiques de voix avec l’argent payé par les contribuables.

A l’origine, des mouvements démocrates chrétiens flamands, de gauche, invitent des centaines de milliers de personnes à souscrire à des parts de coopérateurs, et les fonds sont investis dans Dexia. On leur promet que leurs placements seront traités de la même manière que des dépôts en banque, alors qu’il s’agit d’une forme d’actionnariat dans des sociétés. Au passage, la démocratie chrétienne flamande s’arroge un pouvoir important à l’assemblée générale de Dexia et des mandats d’administrateurs.

Lorsqu’éclate l’affaire Dexia, et que cette banque doit être sauvée, on applique les règles juridiques normales, et les actionnaires directs de Dexia perdent leur investissement. Ils ont fait un mauvais placement et l’Etat ne vient pas à leur secours.

Les coopérateurs d’Arco sont, eux aussi des actionnaires, et il serait logique qu’ils soient traités de la même manière : ils ont aussi fait un mauvais placement, mal orientés par les financiers de l’ACW, le pilier de gauche du CD&V.

L’Etat a voulu une première fois leur venir en aide en leur octroyant une garantie, qui fut jugée contraire au droit européen. Aujourd’hui, sous l’évidente pression du CD&V, le gouvernement veut trouver une solution pour les indemniser, au moins partiellement.

Personne ne songe bien sûr à indemniser les actionnaires directs de Dexia. Il est donc clair que les coopérateurs d’Arco ne sont pas aidés parce qu’ils sont de malheureuses victimes, mais seulement parce que, parmi les victimes, ils font partie du mouvement de la gauche chrétienne flamande.

On ne pourrait mieux montrer que les contribuables sont aujourd’hui invités à payer pour tirer un parti de la coalition d’une passe difficile.

Une telle décision n’a évidemment rien à voir avec l’intérêt général, à supposer que cette notion existe. Au contraire, elle montre qu’un parti en position de force cherche simplement à venir en aide à ceux qui constituent sa cible sur le plan électoral. Le gouvernement a failli tomber, et pour le sauver, le contribuable doit payer pour favoriser une catégorie déterminée, qui a pu trouver l’appui d’un parti politique.

Et les autres partis, en s’inclinant, montrent que, pour préserver la fonction du Premier ministre et le maintien en place de ceux qui exercent le pouvoir, ils ne se privent pas de recourir à l’argent du contribuable.

Nos politiciens pratiquent constamment le clientélisme; les dépenses publiques ne se font pas en fonction de l’intérêt général, mais sont dictées par les ‘clients’ des partis au pouvoir

Comme toujours, l’on présentera cela comme une forme de “solidarité” avec des personnes qui ont perdu une partie de leur épargne. Comme toujours, la notion de “solidarité” est utilisée au profit de certains groupes déterminés choisis par le pouvoir, bien sûr parmi ceux qui contribuent à soutenir celui-ci. C’est un exemple particulièrement parlant d’une situation qui est malheureusement généralisée : pour être aidé par l’Etat, ou tout simplement pour ne pas être victime de sa politique, il faut tenter d’obtenir un appui suffisamment important, soit par le nombre, soit par son pouvoir de nuisance.

Un groupe qui a la capacité, non seulement de faire une manifestation, mais de bloquer des routes, d’entraver la circulation, légalement ou non, ou, plus simplement, qui représente un poids électoral aisément identifiable, obtient pratiquement toujours ce qu’il veut des pouvoirs publics. En revanche, des catégories comme les épargnants, aussi nombreux soient-ils, n’obtiennent jamais rien, et voient au contraire le précompte mobilier passer en cinq ans de 15 à 30 %. Ce n’est pas parce que leurs revendications seraient moins justifiées que celles d’un autre groupe, mais simplement parce que les épargnants ne sont pas structurés, n’ont pas de relai politique, et ne manifestent jamais.

Ils sont alors la victime de la politique gouvernementale, et doivent entendre le Premier ministre annoncer que les nouveaux impôts visent ” le capital “, alors qu’elles affecteront l’épargne, c’est-à-dire, pour une grande part, des personnes qui, malgré la politique monétaire, essayent de se préserver un complément de pension digne sans devoir quémander quelque chose auprès de l’Etat. Les seuls épargnants qui obtiennent quelque chose sont ceux qui, comme les coopérateurs d’Arco, se sont rassemblés sous la bannière d’un parti au pouvoir.

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres du mal réel qui ronge notre système : nos politiciens pratiquent constamment le clientélisme ; les dépenses publiques ne se font pas en fonction de l’intérêt général, mais sont dictées par les ” clients “ des partis au pouvoir, à tous les niveaux. Les contribuables paient tous pour les avantages accordés à ceux qui ont un poids, électoral ou autre, suffisant pour infléchir la politique gouvernementale.

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