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Pour une école d’excellence bruxelloise pour apprendre à jongler avec la technologie
Nos entreprises ne savent pas vraiment comment négocier le virage incontournable de leur transformation numérique dans une société qui doit se réinventer sous pression du COVID-19 et des défis environnementaux. Tous les jours on nous met le nez dessus. Ceci passe par la 5G, l’intelligence artificielle, l’automatisation, l’Internet des Objets (IoT) et la numérisation des transactions… Et le développement durable aussi à son rendez-vous avec la technologie.
L’Informatique est le domaine qui compte le plus grand nombre de “fonctions critiques” en Région bruxelloise, mais il n’est pas le seul à buter sur l’insuffisance de la formation numérique des demandeurs d’emploi, que ce soit pour répondre aux exigences de maitrise en e-commerce, marketing numérique, gestion des rapports avec les départements ICT,… ou pour imaginer et mettre en oeuvre l’innovation technologique dans les entreprises. Il s’agit d’un grand nombre d’offres d’emploi.
Ceci va plus loin que les “bytes et bits”
Les besoins demandent avant tout d’apprendre à résoudre des problèmes plutôt que d’apprendre un langage informatique, que ce soit pour la société ou l’entreprise. Ceci réclame aussi bien une expérience dans le coeur de métier, que des qualités humaines adéquates. Ni les entreprises ni les nations ne sont destinées à mettre leur sort uniquement dans les mains des ingénieurs. De nos jours, la compréhension du fonctionnement et de l’enjeu des technologies importantes doit immanquablement faire partie intégrante de la culture tant de nos gestionnaires d’entreprise que de nos décideurs politiques, quel que soit leur discipline.
Apprendre à jongler avec la technologie
Ceci réclame des autorités de véritables mesures d’incitation à investir son temps dans des formations attractives et performantes permettant de se familiariser avec ces technologies. Pour aller à contre-courant de la création de quasi-monopoles technologiques tels que les GAFAM, il y a lieu d’initier des cohortes de Bruxellois parmi les plus motivés, avec ou sans emploi, avec ou sans diplôme, quel que soient leur parcours, à la maîtrise des principales technologies de l’innovation en créant un trajet gamifié et collaboratif, plutôt que simplement des cours.
Et ceci sous le principe “chacun à son rythme”, pour au bout du trajet faire émerger l’innovation grâce à l’emploi de ces cohortes dans des entreprises de toutes tailles ayant l’ambition de devenir fournisseur de nouveaux produits et services dans une société en perpétuelle mutation.
Créer nos propres contes de fée par la requalification adéquate d’une partie des nonante mille demandeurs d’emploi inoccupés de la Région?
Même si le récit de la création de quelques GAFAM dans le garage d’une maison de banlieue fait toujours rêver, on n’a pas le droit d’estimer que nos entreprises bruxelloises, dans n’importe quel secteur, pas seulement technologique, soient incapables de faire naitre un nouveau phare planétaire de l’innovation. Ni de ne pas pouvoir espérer qu’il n’y a pas qu’en Chine qu’un demandeur d’emploi malchanceux de plus de trente-cinq ans peu faire naitre un empire de l’e-commerce.
Pallier à une offre éducative insuffisante et inadaptée aux enjeux de la Région.
Une école d’excellence technologique de Bruxelles se devrait d’être accessible, ambitieuse, connectée au marché du recrutement et produire des “ingénieurs en innovation” prêts à affronter dans tous les domaines le défi d’adapter à des besoins spécifiques les opportunités produites par le développement des nouvelles technologies. Son programme et son développement doit être soutenu par d’autres politiques de la Région, comme en matière d’emploi et de développement économique. Ceci requiert une vision transversale de la gestion politique.
Pour répondre aux défis de la ville intelligente (smart cities), de l’économie circulaire ou de la résilience aux défis planétaires, la maîtrise des principales technologies de l’innovation, avec la connaissance de la réalité du terrain est incontournable. Les politiques publiques en la matière font trop souvent face à un décalage entre l’offre et la demande en la matière.
Pour pouvoir innover, il faut aussi bien être convaincu des enjeux que comprendre les technologies qui permettent de progresser. Autant le pouvoir fédéral pourrait bénéficier d’un Chief Technology Officer (CTO) sous la tutelle directe du Premier ministre pour guider les stratégies technologiques du pays, autant chaque entreprise bruxelloise devrait pouvoir employer son propre CTO pour rendre l’innovation concrète et participer activement à la transformation de la vie quotidienne de la société.
Ivan Vandermeersch et Mathieu Maes
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