Pour les agriculteurs wallons, les mesures de la Commission sont insuffisantes

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Les nouvelles mesures annoncées lundi par la Commission européenne pour faire face à la crise dans l’élevage européen, singulièrement dans le secteur du lait, sont “des mesures conjoncturelles et pas structurelles”, a déploré mardi la Fédération wallonne de l’agriculture (Fwa).

De son côté, la Fugea, qui prône une agriculture paysanne, reproche à la Commission de “ne rien faire, et jouer la montre en attendant une embellie sur les marchés d’exportations”.

La Commission européenne s’est dite disposée lundi à autoriser des réductions temporaires de la production dans le secteur laitier en crise, une dérogation provisoire aux règles de la concurrence, réclamée par plusieurs Etats membres de l’Union européenne. Le Commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, a également proposé un doublement des niveaux de stockage pour la poudre de lait et le beurre, respectivement à 218.000 tonnes et 100.000 tonnes.

Si la Fwa salue le fait que “certaines lignes de position semblent bouger au niveau du cénacle des ministres européens de l’agriculture”, la fédération wallonne de l’agriculture regrette la nature des réponses européennes.

“Globalement, ce sont des mesures conjoncturelles et pas structurelles. Ce que nous demandons ce sont des mesures pour réguler les marchés et permettre des prix rémunérateurs pour tous les agriculteurs”, réagit Yvan Hayez, le secrétaire général de la Fwa, contacté par l’agence Belga. “On parle de mesures temporaires et sur base volontaire, mais qui va accepter de diminuer sa production au profit des autres? Je ne suis pas convaincu que cela va permettre d’augmenter les prix”, ajoute M. Hayez, soulignant la nécessité de mesures transversales et applicables à tous les agriculteurs.

“Certes, on parle de régulation. Mais sur base volontaire, à la carte, suivant la volonté des pays. Cela revient à dire que ce qu’un pays ne produira pas, volontairement, pourra l’être par d’autres. Une manière de ne jamais relever les prix et de dissuader les éventuels demandeurs de régulation qui choisiraient d’agir en solo”, souligne pour sa part la Fugea, qui estime en outre que “le recours massif au stockage privé, coûteux sans régulation, consiste à faire payer à la collectivité les errements de l’agro-industrie”.

“Pas de quoi envisager une embellie des prix à moyen terme”, conclut la Fugea, qui reproche à la Commission européenne de faire la part belle à un “modèle nordique” et aux fermes industrielles au détriment “de la petite exploitation familiale”.

L’European milk board (EMB), qui regroupe des producteurs laitiers européens, émet le même reproche à l’égard des réductions temporaires de la production. “Le problème est en l’occurrence que la gestion des volumes n’est pas coordonnée de façon centralisée à l’échelle de l’UE et que, par conséquent, elle ne peut pas entraîner une détente sur la totalité du marché. En outre, on regrette l’absence d’une limitation des volumes vers le haut pour tous les producteurs pendant la durée du renoncement volontaire à des livraisons. Le résultat en sera que l’effet positif de la réduction des volumes dû au renoncement à des livraisons va immédiatement être réduit à néant en vertu de l’accroissement de la production par d’autres producteurs”, souligne-t-il dans un communiqué.

L’EMB estime enfin qu'”on doit une fois pour toutes mettre fin à cette tendance, au sein de la Commission et du Conseil, à élaborer des solutions irréfléchies” et se prononce pour des mesures coordonnées à l’échelle de la totalité du marché car “c’est la totalité du marché du lait européen qui est confrontée à un problème”.

Une nouvelle évaluation de la situation et des mesures décidées lundi est prévue, au niveau européen, en juin prochain. Si les marchés ne se redressent pas d’ici là, la grogne des agriculteurs pourrait prendre encore une autre dimension, avertit la Fwa.

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