Plus on exporte, moins il y a de clandestins!

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Et si nous observions les choses depuis un autre point de vue ? Les économistes Fabio Mariani et Luca Pensieroso (UCLouvain) ont tenté l’exercice à propos d’un sujet sensible : l’immigration clandestine. Habituellement, les politiques visant à endiguer cette immigration se focalisent sur l’offre, en intensifiant les contrôles aux frontières, les rapatriements forcés, etc. Les deux économistes ont choisi de partir plutôt de la demande d’immigration illégale par les entreprises et les ménages des pays de destination.

Les migrants en séjour illégal constituent une réserve de main-d’oeuvre pour l’économie souterraine dans la construction, l’agriculture, l’horeca ou autre. Plus celle-ci se développe, plus le terrain est attractif pour les candidats à l’exil, comme le confirme le croisement de données statistiques européennes sur l’importance de ces deux paramètres. S’attaquer à l’économie informelle permettrait donc de réduire, quasi mécaniquement, l’immigration illégale. Une baisse de la fiscalité sur les entreprises ou des contrôles fiscaux renforcés rendraient l’économie souterraine moins intéressante et freineraient dès lors l’arrivée d’immigrants clandestins.

Le levier fiscal peut parfaitement être utilisé à des fins de politique migratoire. ” Luca Pensieroso (UCLouvain)

Fabio Mariani et Luca Pensieroso poursuivent leur raisonnement et constatent une étonnante corrélation entre le surplus de la balance commerciale d’un pays et l’ampleur de l’immigration clandestine. Une économie ouverte va favoriser les secteurs de pointe où l’utilisation de main-d’oeuvre illégale est faible, tandis qu’une réduction de l’ouverture au commerce international rend relativement plus profitable le travail dans les secteurs traditionnels, là où la production informelle est plus répandue et la présence d’entreprises exportatrices plus rare. En d’autres termes, le protectionniste conduit à… une augmentation de l’immigration illégale. Des objectifs politiques de protectionnisme et de contrôle des flux migratoires pourraient donc être ” mutuellement incompatibles “, concluent les deux économistes.

L’étude complète peut être consultée sur www.regards-economiques.be

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