Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Plus on construit de véhicules électriques, plus il y a de CO2
Il parait que le mieux est parfois l’ennemi du bien. C’est un peu le sentiment que l’on a lorsqu’on observe les débats sur la transition énergétique.
La Belgique a décidé de sortir du nucléaire, mais rassure ses citoyens sur d’éventuelles pénuries en leur disant que le pays pourra toujours s’approvisionner chez son voisin français… Lui-même producteur d’électricité nucléaire. Allez comprendre la logique ! De même aujourd’hui, les constructeurs automobiles ont compris qu’ils n’avaient plus le choix : ils vont devoir abandonner leurs moteurs thermiques et passer à la batterie électrique. Il n’y a d’ailleurs pas le choix en Europe vu que la Commission européenne interdira en 2035 la vente de voitures neuves qui émettent du CO2. Ce qui revient à n’autoriser que les véhicules 100% électriques.
Les constructeurs autos essaient de faire comprendre que si la direction est bonne, elle est sans doute trop rapide. D’ailleurs l’association des équipementiers européens vient de sortir une étude qui montre que le virage vers la voiture zéro émission va coûter la suppression de 500.000 emplois dans le secteur automobile. Une suppression qui ne sera pas compensée par les 225.000 postes qui seront créés pour développer la voiture électrique. Au final, la perte nette des emplois serait donc de 275.000 jobs. Bon, c’est vrai, c’est une étude dirigée, sans doute pas objective, mais elle montre aussi le désarroi des constructeurs automobiles face à la vitesse du changement que le monde politique leur impose.
Fiat, par exemple, a fusionné avec Peugeot notamment en raison de son retard sur l’électrique. D’ailleurs, le premier modèle, la Fiat 500 électrique n’a été lancé que l’été dernier. Fiat essaie donc de passer de la place de cancre à presque premier de classe en annonçant qu’elle ne proposera à la vente que des moteurs électriques et cela dès l’année 2030. Il faut dire que le coup de bambou sur la tête des dirigeants de Fiat était dur. N’oublions pas que l’an dernier Fiat a dû payer un gros chèque à Tesla pour lui acheter des crédits CO2 pour respecter son propre quota d’émission de CO2.
De son côté, Toyota s’érige contre la voiture 100% électrique – pour le constructeur japonais, la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas conduire à ne fabriquer que des voitures 100% électriques. Si c’est une obligation en Europe, dans d’autres continents, il y a un manque d’énergie renouvelable et un aussi un manque de bornes de recharges. Bref, Toyota plaide pour un mix de moteurs 100% électriques, mais aussi de moteurs hybrides rechargeables, de moteurs hybrides et à hydrogène. Et puis, le patron de Toyota confronte aussi les contradictions des politiques : ils ne veulent plus de voitures à essence ou diesel, mais le mix énergétique n’est pas encore en place. Au Japon, par exemple, plus de 75% de l’électricité consommée est produite dans des centrales brûlant du charbon, du pétrole ou du gaz naturel. Le patron de Toyota rappelle donc que plus il construit de véhicules électriques, plus il y a de CO2. Et il ajoute, précisent Les Echos, : lorsque les politiciens disent, “débarrassons-nous de toutes les voitures à essence”, est-ce qu’ils comprennent bien cela ? Bonne question, en effet.
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