Pierre-Frédéric Nyst (UCM): “Le travail, ce n’est pas nécessairement un enfer”
Le président de l’Union des classes moyennes, invité du Trends Talk, s’inquiète du fossé qui existe entre la Wallonie et la Flandre en matière de relance économique et de culture socio-économique.
Pierre-Frédéric Nyst, président de l’Union des classes moyennes, est l’invité du Trends Talk, qui sera diffusé en boucle ce week-end sur Canal Z. S’il se dit globalement satisfait de l’accord budgétaire concocté par le gouvernement De Croo, l’avocat namurois souligne qu’il sera “particulièrement attentif” à la suite, notamment une réforme des pensions qui inquiète beaucoup ses membres.
“Les mesures qui ont été prises sont pour la plupart ‘PME friendly’“, souligne-t-il, confirmant l’impression qu’ont exprimé certains (Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB, en tête) que le résultat des négociations n’est pas forcément favorable aux socialistes. “Nous avons l’impression à la lecture des textes que les PME ont été entendues et qu’elles ont été prises en considération, je dirais même respectées,” souligne Pierre-Frédéric Nyst en se félicitant de plusieurs volets de le déclaration d’Alexander De Croo.
‘L’accord s’inscrit dans l’urgence du moment, notamment la nécessité de mettre en place des mesures pour lutter face aux métiers en pénurie. “Il y a un objectif consistant à faire passer le taux d’emploi à 80% en 2030, il faut travailler dans ce sens là”, insiste le président de l’UCM. “Il faut lutter contre les métiers en pénurie, mais aussi avoir un marché du travail moderne, c’est-à-dire flexible, notamment en adaptant les horaires pour le travail de nuit dans l’e-commerce.” Le sujet, toutefois, a été renvoyé pour concertation sociale.
C’est un accord “courageux”, selon lui, car il aborde la remise au travail des malades de longues durées pour un parcours d’accompagnement en vue d’une remise au travail. Cela va-t-il assez loin? “C’est un premier pas, reconnaît-il. Bien sûr, on pourrait aller plus vite.”
Même chose pour les métiers en pénurie: “Vous pouvez me réinviter dans un an, on aura les mêmes difficultés avec les métiers en pénurie, reconnaît Pierre-Frédéric Nyst. Il faut aujourd’hui convaincre, éduquer et dire que travailler, ce n’est pas nécessairement un enfer.”
Des “disparités régionales”
Un problème culturel, surtout perceptible en Wallonie? “Oui, la place que l’on prend dans une société, où l’on a des droits et des devoirs, cela se fait par le travail. L’épanouissement de l’être humain passe par autre chose, dieu merci, il n’y a pas que le travail, mais c’est un élément important. Et l’on constate que dans certaines régions du pays, cela se passe plus facilement que dans d’autres.” Suivez le regard: la culture du travail est davantage implantée en flandre qu’en Wallonie.
Ce travail d’éducation, souligne-t-il, “prendra une génération”. “On ne va pas y arriver tout de suite. Mais vous savez qu’avec les inondations, des vocations sont nées, des jeunes sont venus donner un coup de main et se sont dit qu’ils s’engageraient bien dans le métier de pompier ou autre. C’est bien!”. Nys insiste sur les incitants à la formation, le changement culture, l’accompagnement par les organismes d’emploi. Une vision “positive”. “Nous n’avons pas parlé des sanctions ces derniers temps, ajoute-t-il, car il y en a déjà”.
Le représentants des PME et des indépendants s’inquiète, de façon générale, du fossé qui existe entre la Wallonie et la Flandre en matière de relance économique et de culture socio-économique.
Car si la reprise économique est là, il reste une inquiétude pour le début de l’année 2022, quand l’effet des aides s’estompera et que les administrations fiscales seront plus vigilantes.
“En 2023, sur le plan macroéconomique, la crise aura disparu, souligne Pierre-Frédéric Nyst. Sur le plan microéconomique, c’est beaucoup plus discutables. Dans l’événementiel, beaucoup ne vont pas réouvrir. Dans l’horeca, nous entendons de tout, certains ont réussi à faire le gros dos grâce aux aides et aux reports des cotisations fiscales, mais c’est plus compliqué pour d’autres. Un cas n’est pas l’autre.”
Le moratoire des faillites a été prolongé, mais on pourrait avoir un retour de bâton. “On a crû à un tsunami de faillites, apparemment, ce sera une vague. Mais cela reste difficile.” Pour les agences de voyages, notamment, qui vont vivre la fin des vouchers.
Les meilleurs vont-il résister et les plus faibles mourir? “Vous faites du darwinisme économique, mais c’est un peu ça. Et ce qui m’embête, c’est que la disparité entre les aides régionales flamande, bruxelloise et wallonne va accentuer ce darwinisme.”
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