Philippe Donnay (Bureau du Plan): “Le plan de relance nous apportera de bonnes surprises”

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A court terme, le plan de relance créera peu d’emplois en Belgique. Mais dans la durée, son impact sur notre économie, en particulier sur la productivité, incite à l’optimisme, pointe le patron du Bureau du plan.

1. Le plan de relance à 5,9 milliards d’euros créerait à peine 3.900 emplois. Manque-t-il donc sa cible?

Ce chiffre peut effectivement paraître faible mais il est vraisemblablement sous-évalué. Nous n’avons en effet mesuré que le plan belge. Or, une économie ouverte comme la nôtre devrait bénéficier de retombées de la relance dans les pays voisins, surtout si nous avons des entreprises agiles qui parviennent à s’inscrire dans les chaînes de valeurs prioritaires, principalement en France et en Allemagne. Nous n’avons pas mesuré non plus les impacts des plans régionaux ou fédéraux qui viendront en complément de ces 5,9 milliards qui viennent de l’Europe, ni les investissements privés qui devraient également s’ajouter à la liste. Nous devrions donc avoir de bonnes surprises dans les prochaines années.

2. Vous parlez de bonnes surprises, ce plan vous semble-t-il donc aller dans la bonne direction?

Il correspond effectivement à ce que le Bureau du plan demande depuis des années, à savoir un redressement des investissements publics dans des secteurs porteurs (mobilité, énergie, télécoms, etc.) et une attention forte aux problèmes de productivité et de croissance potentielle à long terme de l’économie belge.

Il faut par ailleurs rester les pieds sur terre: 5,9 milliards d’euros de financement européen, c’est très bien mais ce n’est jamais que 1,4% du PIB ou à peine un milliard d’euros par an durant six ans. Vous ne pouvez pas vous attendre à obtenir immédiatement des résultats mirobolants avec de tels chiffres.

3. Et dans la durée, quels bénéfices un tel plan peut-il apporter à l’économie belge?

Depuis cinq ans, la croissance de la productivité de notre économie est nulle, voire négative. C’est notamment pour cela que la marge salariale est si faible. L’accent mis aujourd’hui dans les infrastructures et le numérique à travers le plan de relance doit contribuer à relancer durablement la croissance de la productivité du travail ( dès l’an prochain et jusqu’à l’horizon 2040, selon les projections du Bureau du plan, Ndlr). Je pense que c’est un élément très positif pour le futur, même si ça ne “claque” pas comme l’annonce de la création de plusieurs milliers d’emplois.

En outre, une série de réformes structurelles doivent accompagner le plan. Nous ne les avons pas prises en compte car les détails de ces réformes ne sont pas encore connus. Mais bien entendu, quand on parle de la 5G, d’un fond pour l’éducation, de la fiscalité sur le travail de lutte contre les discriminations sur le marché de l’emploi, cela peut aussi avoir de profondes incidences positives sur la croissance potentielle de l’économie belge dans les années à venir.

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