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Patrick Artus et la dernière chance pour le capitalisme

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Et si nous parlions du capitalisme ? Et surtout de sa dernière chance de se réformer ? Je vous en parle ce matin car l’un des économistes les plus célèbres de France, Patrick Artus, vient d’y consacrer son dernier livre intitulé “la dernière chance du capitalisme”.

Patrick Artus a travaillé toute sa vie dans le secteur bancaire (ce n’est donc pas un adepte du socialisme, ni du communisme) mais il fait le même constat que beaucoup de politiques : une partie de la population, dans nos pays occidentaux, se sent abandonnée sur les bas-côtés de la prospérité. Donc elle se voit en victime d’un monde injuste et inégalitaire. Et pour une frange de la population, le coupable de cette situation, c’est le capitalisme ! La réponse de Patrick Artus, c’est que oui, le capitalisme de ces dernières décennies est responsable de cette situation, car ce capitalisme n’est plus un vrai capitalisme comme avant mais est devenu un capitalisme purement financier.

Au fond, ce que cet économiste pourtant libéral nous explique, c’est que le capitalisme des années 80 n’a eu qu’un seul objectif : obtenir les prix les plus bas pour les consommateurs que nous sommes. Et comment l’a-t-il fait ? Simplement, à coup de délocalisations de la production vers des pays moins chers, mais aussi en favorisant les actionnaires au détriment des salariés, ou en développant la concurrence au sein de la grande distribution et via le e-commerce, ou encore en utilisant l’énergie fossile à bon marché. Donc mis bout à bout, tous ces choix ont effectivement permis de soutenir le pouvoir d’achat. Mais avec le covid-19, les politiques ont mieux compris que la protection du climat, les relocalisations nécessaires et la hausse des bas salaires, notamment dans le secteur de la santé, de la distribution et de la construction, tout ce rééquilibrage implique de sortir de l’économie du “moins cher”, la fameuse économie du “low cost”. Si on veut une planète qui respire mieux, la fameuse transition énergétique, et si on veut que les salariés gagnent mieux leur vie, du moins dans certains secteurs délaissés, Patrick Artus nous dit qu’il n’y a rien à faire : nous devrons tous accepter que les prix montent. C’est le prix à payer, sans jeu de mots, pour sortir de cette économie du toujours “moins cher”.

Mais sommes-nous conscients de cela ? Comme le disait joliment Michel Audiard : “la justice, c’est comme la Sainte Vierge, si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe”. Donc, oui, si le capitalisme ne veut plus faire douter de lui, il doit être plus juste. C’est notre intérêt à tous car l’histoire a montré que tous les autres systèmes économiques ne sont meilleurs que sur le papier.

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