“On vise à nouveau l’horeca. Pourquoi pas les écoles et les entreprises?”
Maxence Van Crombrugge, président de la Fédération Horeca Wallonie, demande que le gouvernement vise tous les secteurs et mette l’accent sur la ventilation.
L’horeca est une nouvelle fois en ligne de mire des mesures prises par le Comité de concertation: fermeture à 23h et tables limitées à six personnes. Maxence Van Crombrugge, président de la Fédération Horeca Wallonie, exprime son courroux de voir son secteur une nouvelle fois visé et son désir de voir le gouvernement agir autrement.
Votre première réaction consistait à dire que ces mesures ressemblent à une “emplâtre sur une jambe de bois”…
Oui, j’ajouterais aussi ceci: c’est en faisant la même chose que l’on atteint toujours les mêmes résultats. Ce sont toujours les mêmes secteurs qui sont visés: on vise, en réalité, les réjouissances. Alors que nous nous sommes organisés, que nous avons rendu nos lieux plus sains.
Statistiquement, nous ne sommes pas les lieux de contamination les plus importants, ce sont les écoles (60%) et les entreprises (20%). Des mesures pourraient être prises dans ces secteurs, notamment en terme de ventilation. C’est la clé pour la sortie de cette crise, la ventilation! Evidemment, cela nécessite des budgets…
La fermeture à 23h, c’est un problème pour l’horeca?
Je me suis moi-même posé la question. En hiver, la plupart des restaurant ferment déjà à 23h. Ce sont surtout les bars qui sont impactés. Il y a une part de l’activité du moment qui concerne les fêtes patronales, les repas de fin d’années des entreprises, il est vrai que l’on boit parfois plus d’un verre et qu’on laisse tomber les gestes barrière. Mais cela représente peu de choses par rapport aux écoles et aux entreprises.
On reste par ailleurs dans une logique vaccinale, alors que la vaccination n’empêche pas les contaminations. On devrait davantage miser sur un air de qualité.
Vous l’avez dit: la clé, c’est la ventilation?
Oui, ou au moins l’aération. On peut ouvrir les fenêtres. Je préfère envoyer mon enfant à l’école avec un bonnet et une écharpe qu’avec un masque.
On parlait de tables limitées à quatre personnes, ce sera finalement six: cela change beaucoup?
Nous trouvions que quatre personnes, c’est trop restrictif. Six ou huit, c’est plus acceptable, c’est d’ailleurs le nombre maximum que nous avions, en général, depuis l’instauration du Covid safe ticket. On n’a plus de grandes tablées, parce qu’il y a toujours bien quelqu’un qui n’a pas son CST. De toute façon, si un groupe de douze se présente, on va proposer de faire deux tables de six, séparées par un mètre cinquante.
L’horeca veut bien faire des efforts, ce n’est pas ça la question. Mais on se demande comment les politiques réfléchissent. Pourquoi pas d’autres secteurs? Le gouvernement réfléchit comme une entreprise, il veut réduire les coûts et ne pas s’attaquer aux vrais problèmes, comme la ventlation des bâtiments publics et des écoles. Mais il s’agit d’une crise sanitaire, on devrait pouvoir dégager les budgets nécessaires. J’avais moi-même proposé que l’on fasse une cotisation complémentaire de crise, pour que tout le monde finance ces investissements nécessaires.
En attendant, certains souffrent plus que d’autres. Regardez les discothèques qui ont investi dans les test antigéniques: après quelques jours, elles doivent déjà refermer.
La perspective de nouvelles mesures pour les fêtes, cela vous inquiète-t-il?
La fin de l’année, ce n’est plus nécessairement le moment où l’on fait de grosses recettes. Beaucoup de gens ont déjà décidé de fermer à cette période. Le gros de notre chiffre d’affaires se fait en été. Les fêtes de fin d’année, les gens les passent plus souvent chez eux, même s’il y a évidemment des établissements qui en profitent ou que l’on fait des plats à emporter.
Notre inquiétude est plus fondamentale que ça. Notre fond de commerce, c’est le coeur à la fête des gens. S’ils sont moroses, ils ont tendance à se replier chez eux. On perd beaucoup de clients, de façon structurelle, à cause de ce climat social plus général. Les secteurs qui en profitent, ce sont la grande distribution et la vente en ligne, c’est-à-dire des grands groupes, pas des artisans. Voilà pourquoi nous considérons que le gouvernement doit absolument prendre des mesures multisectorielles afin que l’on sorte de cette situation au plus vite.
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