Olli Rehn, le quatrième mousquetaire de l’euro ?

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Olli Rehn, le commissaire européen chargé des affaires économiques, va aussi avoir l’Euro dans son portefeuille. C’est ce qu’a annoncé jeudi José Manuel Barroso. Cette nomination pourrait préfigurer l’existence d’un portefeuille de ministre européen des Finances.

“J’ai l’intention de conférer à Olli Rehn un statut renforcé et des attributions supplémentaires. Il va devenir vice-président de la Commission, chargé des affaires économiques et monétaires et de l’euro”, a annoncé le président de l’exécutif européen, José Manuel Barroso, quelques heures après la fin du sommet sur la crise de la dette.

Actuellement le commissaire finlandais est chargé des affaires économiques. Cette décision permettra à la Commission d’exercer avec “indépendance, objectivité et efficacité” sa mission de “coordination et surveillance” de la gouvernance économique de l’Union européenne “et de la zone euro en particulier”, a commenté M. Barroso devant le Parlement européen.

En chargent un commissaire de la gestion de la monnaie unique, “nous affirmons que nous voulons une gouvernance de l’euro qui ait lieu par la méthode communautaire, au sein des institutions européennes”, a-t-il analysé, relevant que c’était “important et pertinent sur le fond, mais également d’un point de vue symbolique – et les symboles, c’est important”.

Car concrètement, dans l’immédiat, les prérogatives de M. Rehn ne vont pas changer. Il s’occupe déjà de la surveillance budgétaire des pays européens et de faire respecter le pacte de stabilité qui limite les déficits publics nationaux. M. Rehn doit faire des recommandations aux États lorsque les comptes dérapent.

Il le fera aussi dans le cadre du pacte de stabilité renforcé qui vient d’être adopté et prévoit des sanctions tombant plus facilement et plus tôt contre les mauvais élèves.

Sa promotion, qui a reçu le soutien des gouvernements européens, est surtout politique. Il s’agit pour M. Barroso de tenter de revenir dans le jeu alors qu’à la faveur de la crise de la dette depuis deux ans les capitales, Berlin et Paris, ont pris les choses en main en marginalisant les institutions de l’UE, Commission européenne en tête.

“On voit le succès que cette méthode a pu avoir”, raille une source européenne, les divergences d’intérêts nationaux entre pays ayant ralenti sans cesse les prises de décision des gouvernements pour contenir l’incendie.

Quatre responsables pour l’euro ?

La nomination de M. Rehn risque toutefois d’ajouter à la confusion sur la répartition des compétences en Europe. Pas moins de quatre responsables peuvent désormais revendiquer à des degrés divers le rôle de “Monsieur Euro” dans l’Union monétaire.

On trouve d’abord, outre M. Rehn, le président de la Banque centrale européenne, dont le rôle et la stature ont considérablement grandi à mesure qu’il a joué les pompiers tout au long de la crise de la dette.

Jean-Claude Trichet, qui sera bientôt remplacé par l’Italien Mario Draghi, fit un jour cette réplique: “Je suis Monsieur Euro, il n’y aucun doute à ce sujet”.

Il y a aussi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), Jean-Claude Juncker, qui aspire à ce rang. Son mandat arrive à échéance en juillet et la Commission aimerait pouvoir récupérer le portefeuille pour M. Rehn, ce à quoi les principaux pays s’opposent.

On trouve aussi désormais Herman Van Rompuy. Déjà chargé de présider les réunions des chefs d’État et de gouvernement des vingt-sept pays de l’Union européenne, il fera la même chose pour les sommets réguliers de la seule zone euro pour coordonner les travaux sur l’euro au plus haut niveau.

Trends.be avec Belga

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