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Nucléaire iranien: pourquoi les diplomates européens sont furieux contre Trump
Pourquoi Donald Trump a-t-il déchiré l’accord avec l’Iran ? Pourquoi les entreprises européennes sont-elles plus gênées que les diplomates ?
C’est donc fait, Donald Trump a déchiré l’accord signé avec l’Iran. Pour rappel, ce contrat était signé par les Etats-Unis, mais également la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Le but de cet accord visait à limiter la capacité de l’Iran à enrichir de l’uranium à des fins militaires.
En gros, cet accord visait à empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. En échange de contrôles réguliers visant à constater que l’accord était respecté, l’Iran avait obtenu en échange la levée progressive des sanctions économiques, ce qui a permis à son peuple de souffler.
Au final, Donald Trump a donc déchiré cet accord pourtant négocié pendant de longues années. Les raisons de ce changement d’attitude des Etats-Unis sont connues. D’abord, Trump déteste tout ce qu’a fait Obama et revient par principe sur ce que son prédécesseur a réalisé. Ensuite, Donald Trump comme beaucoup d’Américains, et en particulier les évangélistes qui le soutiennent politiquement, n’ont pas oublié la prise d’otages de l’ambassade des Etats-Unis en Iran, ni les 241 morts de l’attentat de Beyrouth en 1983.
Le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, une nouvelle forme d’impérialisme du droit américain qui ne dit pas son nom.
Et puis, l’autre raison de la fin de cet accord, selon le stratégiste Bruno Tertrais, c’est que Trump estime “qu’il peut reproduire avec l’Iran ce qu’il aurait réussi – selon lui – avec la Corée du Nord”. C’est-à-dire, “appliquer une stratégie de pression maximale pour forcer le régime de Téhéran à changer de comportement”. Car ce que reproche Trump à l’accord avec l’Iran, c’est qu’il ne tient pas compte des missiles balistiques ni des désordres que provoque l’Iran en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen.
Bref, pour le président des Etats-Unis, cet accord était imparfait. Les pays européens et la Chine qui l’ont signé, le savent aussi mais estiment que cet accord bien qu’imparfait était meilleur qu’aucun accord. Le problème pour les Européens aujourd’hui, c’est que Trump les a pris à la gorge, il leur a dit que dès lors qu’il va de nouveau imposer des sanctions économiques à l’Iran. Toute entreprise, y compris européenne, qui commerce avec l’Iran sera sanctionnée. C’est une nouvelle forme d’impérialisme du droit américain qui ne dit pas son nom.
Les Européens sont très gênés par ce dossier, comment réagir ? Rester souder est une option pour signifier aux Etats-Unis que l’Europe lorsqu’elle signe un contrat, même imparfait, le respecte ? C’est une option possible, du moins si l’Iran reste dans l’accord, mais qu’en est-il des entreprises européennes ? Les grands groupes sont intéressés à faire du commerce avec un pays avec une très forte population qui est en manque de tout et notamment d’infrastructures, mais ces entreprises risquent non pas d’écouter les politiques européennes, mais bien leurs juristes et leurs directeurs financiers. Toutes les grandes entreprises se souviennent encore de l’amende de 9 milliards de dollars imposée à la banque BNP Paribas en 2014, une amende infligée par les Etats-Unis à une entreprise française qui avait osé détourner indirectement l’embargo sur certains pays comme Cuba, le Soudan, et justement l’Iran. Donc, en ce moment, les diplomates européens sont furieux contre Trump, mais c’est lui, encore une fois, qui à la main, pour le moment.
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