Nouveau tour de négociations pour l’accord interprofessionnel

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Les syndicats et les organisations patronales ont repris lundi, vers 16h, leurs négociations pour un nouvel accord interprofessionnel (2023-2024) au sein du “Groupe des 10”, près de deux semaines après leur dernière rencontre.

Les discussions s’annoncent très difficiles, voire impossibles à deux jours de la journée de grève nationale, car les syndicats socialiste et chrétien ont déjà annoncé qu’ils n’accepteraient pas une marge salariale de 0%. Les partenaires sociaux se sont montrés peu optimistes avant le début de la réunion. Un accord pourrait cependant être trouvé pour l’enveloppe bien-être.

Selon le rapport du Conseil central de l’économie (CCE), le handicap salarial avec les pays voisins a augmenté en raison de l’indexation automatique et il n’y a donc aucune marge pour une hausse des salaires (en plus de l’indexation). Les partenaires sociaux doivent théoriquement élaborer une proposition commune à transmettre au gouvernement fédéral mais la FGTB et la CSC ont prévenu qu’elles ne signeront aucune convention à 0% de marge salariale. Les syndicats indiquent refuser de valider un “blocage salarial” en cette période de crise.

La FGTB n’a pas de mandat pour négocier une convention collective avec une marge de 0%, rappelle Thierry Bodson, le président du syndicat socialiste. “Depuis le début de l’année 2021, nous demandons que la marge soit indicative et permette de négocier des améliorations salariales dans les secteurs comme l’énergie, les banques ou l’industrie pharmaceutique, où ils enregistrent des bénéfices comme ils n’en ont jamais fait.”

Le rapport du CCE indique aussi que les marges brutes des entreprises ont été “historiquement élevées” jusqu’au premier semestre de cette année, souligne Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC. “Cela montre que la situation dans un secteur ou une entreprise n’est pas la même partout”, ajoute-t-elle. “Il est donc nécessaire de développer des mécanismes de solidarité et de pouvoir négocier des hausses de salaire là où c’est possible“.

Situation “dramatique” pour les entreprises

Les organisations patronales évoquent pour leur part une situation “dramatique” pour les entreprises à cause des indexations automatiques. “La situation se dégrade jour après jour, nos entreprises se trouvent dans une situation de plus en plus pénible et tous les signaux sont au rouge“, explique Pieter Timmermans, administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). “Il y a plus de chômage temporaire, un report des investissements, une récession en vue… Nous devons donc protéger nos emplois.

Pierre-Frédéric Nyst, président de l’Union des classes moyennes (UCM), veut également éviter d’embarquer les employeurs dans des promesses impossibles à tenir. “La situation est difficile aujourd’hui, il y a déjà l’indexation automatique qui est un bon mécanisme, suffisant, même si c’est très lourd pour les entreprises. Demander des efforts supplémentaires, ce sera très compliqué.”

L’inflation complique tout

Un accord interprofessionnel est négocié tous les deux ans au sein du “Groupe des 10”, qui réunit patronat et syndicats, et porte notamment sur une possible augmentation salariale. Depuis 1996, une loi encadre les augmentations salariales en Belgique dans un souci de préservation de la compétitivité des entreprises belges par rapport aux principaux pays voisins. Mais cette loi a été modifiée en 2017 sous le gouvernement Michel et les syndicats jugent qu’elle n’est plus qu’un “carcan” empêchant toute hausse des salaires et toute négociation interprofessionnelle.

Si la marge salariale était de 0,4% il y a deux ans, ce qui avait déjà empêché la conclusion d’un AIP, l’inflation galopante des derniers mois, qui entraîne une augmentation des salaires via le système d’indexation automatique, a encore davantage complexifié la donne. Les employeurs affirment ne plus pouvoir supporter d’augmentation des salaires en plus de l’indexation et des hausses barémiques. Du côté syndical, on souligne que l’indexation ne fait que compenser, parfois avec un retard de plusieurs mois, la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation.

En cas d’échec des négociations, le dossier sera renvoyé au gouvernement fédéral qui devra fixer la marge salariale.

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