“Nous devrons tout mettre en oeuvre pour réduire nos besoins énergétiques”

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Le Bureau du Plan estime que la Belgique peut accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour respecter les objectifs européens en adoptant une politique plus active. Le coût de l’électricité augmentera. Danielle Devogelaer, epxerte en énergie au Bureau du Plan, a répondu à nos questions.

La Belgique va introduire un projet de plan national Energie et Climat, conforme à la politique européenne sur le sujet. Comment pourrait-on accélérer les choses ?

Nous avons examiné des scénarios alternatifs. Une projection établie par le Bureau du Plan en octobre 2017 portait sur un scénario à politique inchangée. Les scénarios alternatifs intègrent les objectifs renouvelables et de réduction des gaz à effet de serre au niveau européen et un objectif national de réduction de ces gaz dans les secteurs non ETS (1). Cela se traduit par un effort accru dans l’isolation, la rénovation, un parc de voitures électriques plus important, etc. Cela mène à un recul des émissions totales des gaz à effet de serre d’un tiers en 2030, de moitié en 2040 (par rapport à 1990). A politique inchangée, nous n’arriverions qu’à -27 %. Il ne faut pas oublier qu’en 2050, nous devrons atteindre un niveau d’émission zéro carbone ou très bas.

Ce plan Energie et Climat devrait entraîner une hausse des énergies renouvelables dans le mix énergétique, mais la production belge ne suffira pas, nous laissant largement dépendants de l’importation…

Oui. C’est la raison pour laquelle nous devrons tout mettre en oeuvre pour réduire nos besoins énergétiques. Nous devrons toujours importer environ 80 % de l’énergie à l’horizon 2040. La production d’énergie solaire ou éolienne va augmenter, la géothermie et la biomasse domestiques aussi, mais cela ne suffira pas à couvrir tous nos besoins. L’importation ne portera pas seulement sur de l’énergie fossile, dont l’utilisation va reculer, mais aussi sur l’énergie renouvelable, notamment issue de la biomasse, et les biocarburants de seconde génération et l’électricité.

Le coût de l’électricité va aussi augmenter de plus de 20 %…

Pour être précis, c’est le coût de production par MWh qui va augmenter, le prix payé par les usagers est un concept différent. Il intègre notamment le coût du transport, de la distribution, les taxes, etc. Nous estimons la hausse du coût, par rapport à 2015, à 15 % en 2030, et à 32 % en 2040. D’abord, comme nous utiliserons moins de gaz naturel, la production d’électricité sera plus gourmande en capital. Ensuite, le coût pour émettre du CO2 – qu’on doit payer lorsque l’on produit de l’électricité avec des énergies fossiles – va fortement augmenter en 2040. Malgré un recul de la consommation globale d’énergie, la demande en électricité grimpera, d’autant que l’activité économique et la population vont augmenter : nous avons intégré une augmentation de plus d’un million d’habitants d’ici 2040. Les appareils électriques seront plus efficaces, mais plus nombreux.

(1) Les secteurs non ETS sont ceux qui ne sont pas couverts par le système européen d’échange de permis d’émission (EU ETS) (bâtiments, agriculture, gestion des déchets et transport), soit environ 60 % des émissions totales.

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