“Nous avons les technologies pour atteindre les objectifs climatiques”

© Getty Images/iStockphoto

Le spécialiste de la fédération de l’industrie technologique Agoria invite le monde politique à soutenir fiscalement les inves-tissements dans la performance énergétique des bâtiments. Nous avons posé trois questions à un de ses conseillers énergie, Frank Vandermarliere.

Quelque 65.000 personnes ont participé à la marche du climat. Quelles réponses l’industrie technologique belge peut-elle leur apporter ?

Les technologies existantes et déjà disponibles nous permettraient d’atteindre nos objectifs (réduire les émissions de CO2 de 35% d’ici 2030) dans les secteurs du transport et du bâtiment. Nous pourrions faire basculer l’ensemble du transport public vers l’électricité. Nous avons les entreprises pour cela. Comme nous avons des entreprises à la pointe en matière de ventilation avec récupération de chaleur, de pompes à chaleur ou d’isolation… Il est possible de construire des maisons quasiment zéro émission et sans un grand surcoût. Mais cela implique d’élaborer des normes plus strictes et de stimuler les investissements des ménages. Donner aux citoyens les moyens de rénover leur maison de manière écologique, ce doit être un élément central de la politique climatique. Pourquoi ne pas imaginer un tax shift vert, avec des déductions fiscales pour inciter les consommateurs à se diriger vers des solutions compatibles avec nos objectifs climatiques ?

Les efforts climatiques vont-ils entraîner des coûts supplémentaires pour les entreprises et peser dès lors sur la compétitivité ?

Nos plus gros consommateurs d’énergie (la chimie, les cimenteries, le verre, la sidérurgie, etc.) sont déjà repris dans un système européen de quotas d’émissions. Cela signifie que la moitié des émissions de CO2 ne sont en réalité plus gérées par notre pays. Si les coûts augmentent, ce sera dans un cadre européen. Pour le reste, si nous voulons saisir les opportunités économiques de la politique climatique, il ne faut pas se concentrer sur les seuls problèmes de coût mais sur la mise au point de produits qui apporteront des solutions au réchauffement. Nos technologies sont compétitives et les prix vont baisser grâce aux économies d’échelle à mesure que ces marchés verts croissent. Mais cela demande une vo-lonté claire d’avancer dans cette direction.

© PG

La Belgique a manqué le marché des éoliennes. Notre tissu économique n’a-t-il pas quelques longueurs de retard pour capter ces nouveaux marchés ?

Non. Nous n’avons peut-être pas de gros producteurs mais nos entreprises sont bien présentes dans les chaînes de valeur. Elles produisent des composants pour les éoliennes offshore et ont une part de marché significative dans le secteur en Europe. Dans le bâtiment, il y a des entreprises comme Daikin (pompes à chaleur) et, en mobilité électrique, Punch Powertrain a conclu une joint-venture avec PSA. Umicore a fait de même avec BMW pour le recylage de batteries. Il n’y a pas de cons-tructeur belge – il n’y en a pas non plus pour les voitures à carburant – mais des fournisseurs et partenaires très bien placés. Si nous devons aller plus loin qu’une réduction des émissions de 35% pour 2030, là, les technologies n’existent pas encore. Mais les universités et l’industrie explorent ensemble les pistes, par exemple pour parvenir à produire de l’acier sans CO2. Nous devons organiser nos politiques d’innovation pour viser une décarbonisation presque totale de notre économie.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content