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‘Moins de mondialisation signifie aussi moins de croissance’

Notre idée occidentale séculière d’un monde moderne et stable de Pax Europae et de Pax Americana semble arriver à sa fin, estime Neil Dwane, Global Strategist chez le gestionnaire de fortune allemand Allianz Global Investors.

Selon Neil Dwane, nous courons le risque de revenir à une version des pays et des États d’avant les solutions issues de l’ère post Seconde Guerre mondiale. L’augmentation continue des tensions politiques ne peut être évitée que grâce à des solutions qui reconnaissent les manquements de la mondialisation et qui partagent les richesses plus équitablement, tant par-delà les frontières des pays qu’à l’intérieur de celles-ci.

Des salaires plus bas, des perspectives plus mauvaises pour l’emploi et l’augmentation des inégalités: pour beaucoup d’électeurs dans les pays développés, ce sont les effets qu’ils perçoivent de l’augmentation du commerce à l’échelle internationale. Et cela se traduit électoralement. La bataille électorale américaine et la rhétorique isolationniste du président élu Donald Trump, mais aussi le Brexit et l’agitation dans l’ensemble de la zone euro montrent que les précédents mantras de mondialisation et de dérégulation rencontrent de plus en plus d’opposition. Ce faisant, la mondialisation ne s’est pas encore arrêtée, mais bien ralentie. Et cela a trois grandes conséquences pour les citoyens, les autorités et les investisseurs.

En premier lieu, moins de commerce mondial signifie automatiquement moins de croissance mondiale. Les points d’interrogation concernant un certain nombre d’importants accords commerciaux internationaux, comme le traité transpacifique (TPP) et le traité transatlantique (TTIP) grippent la mécanique mondiale, ce qui est en soi suffisant pour ralentir la croissance économique déjà vulnérable. Le commerce mondial représente en effet quelque 40% du produit intérieur brut international: si le commerce mondial était une économie, ce serait la plus importante du monde – presque deux fois aussi grande que l’économie américaine.

En deuxième lieu, les ‘acteurs mondiaux’ parmi les entreprises devront à nouveau définir leur rôle et leur responsabilité (corporate responsibility). Beaucoup de multinationales ont pu bénéficier de la mondialisation pendant des dizaines d’années, surtout en ce qui concerne la commercialisation et le financement. Si le politique privilégie maintenant de plus en plus les marques locales et désire prélever des taxes locales, cela peut engendrer de sacrés vents contraires. Des conflits comme la récente affaire entre Apple et la Commission européenne peuvent créer une augmentation des tensions interrégionales dans le domaine fiscal avec comme conséquence une entrave aux investissements et une diminution du rendement pour les actionnaires.

Les multinationales doivent redéfinir leur rôle et leur responsabilité

Et en troisième lieu, il est peu vraisemblable que la ‘démondialisation’ puisse résoudre le problème de financement de la couverture sociale: les politiciens dans les pays développés doivent y faire quelque chose à court terme, sous peine de voir la génération du millénaire s’insurger contre les promesses faites par leurs aînés. Ces réformes structurelles nécessaires ne tiennent pour l’instant pas compte des pays avec des défis démographiques, comme le Japon et la majeure partie de l’Europe. Même aux États-Unis, l’actuelle dette de l’État en pourcentage du PIB ne représente pas grand-chose par rapport aux coûts à prévoir qui, ensemble, comprennent plus de 130.000 milliards de dollars, soit pas moins de 500% du PIB américain. Plus on reportera les mesures, plus la solution s’avérera difficile.

La croissance économique internationale plus faible mènera finalement à la croissance des exigences pour davantage de dépenses publiques et d’investissements en infrastructures au niveau local. Mais le financement de ceux-ci est un grand souci. Des investissements sont sans nul doute nécessaires dans les grandes économies du futur comme l’Inde, sans même parler de la remise en état et de l’entretien des infrastructures dans le monde développé. Ces investissements publics ne peuvent toutefois pas être financés grâce à plus d’argent emprunté, mais ils doivent couvrir les frais de financement et ajouter quelque chose à la prospérité économique et à la productivité de la région. Si tel n’est pas le cas, ce sont tout simplement des cas de fraude financière à la Ponzi…

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