Malgré les sanctions, l’Europe achète toujours des matières premières russes (infographie)
En quelques mois, les échanges commerciaux entre l’Europe et la Russie se sont effondrés. Pour autant, les pays occidentaux ne parviennent pas à se passer totalement des matières premières russes… en particulier du nickel.
Les sanctions européennes prises à l’encontre de la Russie ont eu un impact non négligeable sur le commerce international: les exportations et les importations entre les deux blocs ont fondu en à peine quelques mois, bien en dessous des niveaux d’avant-crise. Entre février 2022 et septembre 2022, la part de la Russie dans les importations européennes a ainsi été divisée en deux pour passer de 6,4% à 3,8%, selon les statistiques publiées par Eurostat. Même constat pour les exportations, qui ont chuté de 2,3% à 1,1% au cours de la même période.
La Russie est pourtant le cinquième plus grand partenaire de l’UE en matière commerciale: elle représente 4,1% des exportations de biens (89 milliards d’euros) et 7,5% des importations de biens de l’UE (158 milliards d’euros) en 2021. L’UE importe majoritairement des matières premières énergétiques – telles que le pétrole, le gaz naturel, le charbon, l’aluminium… En échange, elle exporte vers la Russie du matériel de transport, des produits chimiques (médicaments, produits pharmaceutiques) et d’autres articles manufacturés.
La balance commerciale de l’UE avec la Russie est donc déficitaire, puisqu’elle importe plus qu’elle n’exporte. Pour autant, ce déficit commercial qui culminait en mars 2022 à 19,6 milliards d’euros a progressivement diminué pour s’établir à 8,1 milliards d’euros en novembre 2022, en grande partie à cause des fameuses sanctions imposées par l’UE.
Le commerce Europe-Russie s’est effondré
Parmi les efforts fournis par les États membres pour tenter de limiter les échanges commerciaux avec la Russie, on peut notamment souligner leur volonté de réduire leur dépendance au gaz russe qui, avec le pétrole, constitue le nerf de la guerre énergétique. Au total, l’UE est parvenue à diminuer les importations pour le gaz naturel de 36% à 18%.
Mais c’est la part des importations de charbon qui a le plus drastiquement chuté (de 45% à 13%). En septembre, le chiffre était même proche de zéro. La Russie détient 15% des réserves mondiales de charbon, selon un rapport de BP sur l’énergie. Elle représentait 45% des importations de l’UE, avec certains pays particulièrement dépendants, comme l’Allemagne et la Pologne qui l’utilisent pour produire de l’électricité. En boycottant le charbon russe, l’Union européenne portait donc un coup non négligeable à l’économie russe, tout en soutenant celle de l’Afrique du Sud, pays vers lequel elle s’est immédiatement tournée à l’annonce des sanctions.
Enfin, on peut également noté que les importations d’engrais (de 29 % à 17 %) ainsi que celles du fer et de l’acier (de 16% à 5%) se sont aussi amenuisées.
Les importations de nickel toujours en hausse
Alors que la commerce de quasiment tous les produits a chuté, celui d’un métal bien particulier a augmenté: le nickel. Omniprésent dans nos sociétés modernes, le nickel est en effet essentiel à de nombreux secteurs industriels, notamment au secteur automobile. Et pour cause: il s’agit d’un des principaux composants des batteries pour les voitures électriques. Or, la montée en puissance de ces véhicules a accéléré la demande de ce métal. L’Union européenne ne peut donc guère s’en passer.
Mais pourquoi se tourner vers la Russie? Premièrement, la Russie est le troisième plus grand producteur de nickel au monde. Difficile donc d’ignorer un desacteurs majeurs de cette filière. Deuxièmement, si le nickel a subi des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, il n’est pas directement visé par les sanctions européennes. Les États membres ont donc décidé de poursuivre leurs accords commerciaux.
Deux raisons qui expliquent pourquoi la part de la Russie dans les importations de nickel de l’Union européennes est restée quasiment stable entre 2021 et 2022.
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