Lord Ashcroft, l’encombrant donateur des conservateurs britanniques

Les révélations sur le statut fiscal de Lord Ashcroft, vice-président des tories, embarrassent la campagne électorale de David Cameron.

David Cameron n’avait pas besoin de cela. Après une série de mauvais sondages, voici que le jeune dirigeant, 43 ans, du Parti conservateur britannique est gêné par une polémique sur le statut fiscal d’un des principaux bailleurs de fonds des tories. Toute la presse britannique s’est emparée de l’affaire, mardi 2 mars, The Guardian titrant même en “Une” sur “le sale secret des tories”.

La controverse était latente depuis des mois, mais elle a éclaté au grand jour, lundi, lorsque Lord Michael Ashcroft, 63 ans, qui dispose de la double nationalité Britannique et du Belize, a reconnu qu’il était un “non-dom”. Autrement dit, il n’est imposé que sur ses revenus perçus au Royaume-Uni. Or, l’essentiel de sa fortune provient de l’activité de ses nombreuses entreprises, basées dans les paradis fiscaux des Antilles, notamment au Belize, un petit pays d’Amérique centrale où Lord Ashcroft a passé une partie de son enfance. Et sa richesse n’est pas négligeable : selon le classement annuel 2009 du Sunday Times sur les plus grosses fortunes du royaume, Michael Ashcroft arrive en 37ème position avec un patrimoine estimé à 1,1 milliard de livres (1,1 milliard d’euros).

Avoir comme numéro deux du Parti conservateur un membre de la Chambre des lords qui passe pour un évadé fiscal, voilà qui tombe mal à quelques mois des prochaines élections législatives, qui doivent se tenir d’ici au mois de juin. Cela tranche aussi avec l’image rénovatrice des Tories que cherche à promouvoir David Cameron depuis son accession à la tête du Parti, en 2005.

En cas de victoire électorale des tories, Michael Ashcroft a promis de devenir un contribuable britannique à part entière. Mais la controverse n’est pas prête de s’éteindre en raison des différentes fonctions de l’individu au sein du Parti conservateur (Trésorier entre 1998-2001, vice-président depuis 2005), de son statut (nommé à la Chambre des lords en 2000) et du rôle stratégique qu’il joue dans le financement de la campagne. Michael Ashcroft a reconnu avoir versé 4 millions de livres (4,4 millions d’euros) aux conservateurs depuis 2005. Surtout, il a mis à la disposition du parti un trésor de guerre pour cibler les circonscriptions clés qui feront basculer l’élection. Or, ces dépenses conséquentes ne sont pas comptabilisées dans les budgets électoraux, limités par la loi, qui ne s’appliquent que pendant la période officielle de la campagne.

Le “coming out” de Lord Ashcroft n’est pas fortuit. Il a été dicté par l’imminence de la publication d’une enquête officielle sur les promesses fiscales formulées par Michael Ashcroft lorsqu’il est devenu un Lord, il y a dix ans. Il se serait alors engagé à payer l’ensemble de ses impôts au Royaume-Uni.

Pour contrer le déluge de critiques qui a suivi les aveux forcés de Lord Ashcroft, le Parti conservateur a fait circuler, lundi, une liste de “non dom” qui auraient versé des fonds au Parti travailliste, au pouvoir depuis 1997. La remarque la plus cinglante est venue de Chris Huhne, porte-parole du Parti libéral démocrate. Le Parti conservateur, a-t-il dit, “s’est fait acheter comme une république bananière”.

Trends.be, L’Expansion.com
Yves-Michel Riols

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