Londres 2012 : Les Jeux les plus chers de l’histoire olympique ?

© Reuters

Avant que les premières médailles ne soient attribuées au Jeux de Londres, un record est déjà tombé : celui des jeux les plus coûteux. D’après un chercheur de la Said Business School (Université d’Oxford), la facture devrait atteindre les 10,4 milliards d’euros au total, des installations sportives à la sécurité. Soit deux fois le budget de départ, à savoir 5 milliards d’euros. Ce sera le plus grand budget après celui de Barcelone en 1992, qui avait coûté 7 milliards de dollars de l’époque (5,8 milliards d’euros).

Londres a aussi renoué avec le tradition des grands dérapages budgétaires. Depuis 2000, ils ne dépassaient pas les 50 %, alors que durant les trois précédentes décennies, les “erreurs” se situaient en moyenne à 258 % !

Alors revient l’éternelle question : Organiser les jeux en vaut-il la chandelle en terme économique ? Surtout pour une Grande-Bretagne en crise économique sévère.

Economistes sceptiques

Les économistes sont généralement sceptiques sur le sujet. Il est très difficile d’établir la balance entre les dépenses et les effets positifs sur l’économie du pays et celle de la ville hôte. Ce type d’opération est parfois une manière, pour une ville, d’obtenir des infrastructures financées au niveau national (métro, stades…). Mais les déboires sont nombreux. Montréal (1976) a payé pendant 30 ans le trou dans le budget (300 millions de dollars US de l’époque) et par là même dissuadé pas mal de villes moyennes de poser leur candidature. Le gouvernement belge n’a jamais encouragé les initiatives ponctuelles qui ont été prises pour une candidature de Bruxelles.

Les gains sont incontestables. A Barcelone, le taux de chômage avait été divisé par deux durant les quatre années précédant les jeux. Bejing a hérité de cinq nouvelles lignes de métro et d’importantes infrastructures sportives. Les jeux d’Atlanta (1996), réputés rentables, ont créé 24.742 emplois permanents, représentant une dépense publique de 63.860 dollars par poste.

Une poussée de 30 % des exportations

La difficulté est de mesurer la balance entre les dépenses directes et les effets économiques. Outre les entrées et les droits télévisés, les jeux sont supposés apporter des gains économiques, mais comment les mesurer ? Une recherche publiée en 2009 par Andrew Rose (Université de Berkeley) et Mark Siegel, The Olympic effect , indique que les Jeux (ou d’autres méga-événements comme une Coupe du monde de football) ont une effet très positif sur le commerce international. Les pays qui les organisent connaissent 30 %, voire davantage, de hausse durable des exportations. Ainsi les jeux de Tokyo (1964) ont précédé une forte hausse des exportations japonaises. Mais il ne faut pas confondre la cause avec l’effet. L’organisation des Jeux est, pour le chercheur, une manière de signifier une plus grande ouverture commerciale d’un pays, pas de la provoquer. Un signal qui, surprise, profite aussi aux pays qui ont posé leur candidature et n’ont pas été choisis !

Les auteurs reconnaissent que cette interprétation n’est pas un argument massif pour défendre, en terme économique, la candidature d’un pays. “C’est un coûteux signal pour annoncer une libéralisation” écrivent-ils. Elle n’explique pas non plus l’intérêt d’un pays à répéter une candidature après avoir déjà accueillis les Jeux. Ni celui que peuvent avoir les pays déjà fort exportateurs, qui n’ont pas de raison de donner un signal pour un ouverture commerciale qui existe déjà. La Grande-Bretagne n’a nul besoin d’organiser des Jeux pour se déclarer libérale.

Robert van Apeldoorn

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