Ursula von der Leyen

“Les vaccins, une affaire de coopération non de compétition”

Ursula von der Leyen Présidente de la Commission européenne

“Nous sommes engagés dans une seule course, menée contre le virus et le temps. Nous tous, être humains, luttons ensemble”. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen revient sur la crise des derniers mois, les vaccins et les enjeux pour l’Europe.

Certains pays ont vu la course au vaccin comme une compétition entre puissances mondiales, qui n’est pas sans rappeler la course à l’espace des années 1960. C’est une illusion. Nous sommes engagés dans une seule course, menée contre le virus et contre le temps. Nous tous, êtres humains, luttons ensemble. Notre meilleure stratégie est la coopération et c’est la stratégie qu’a choisie l’Union européenne au tout début de la crise du coronavirus.

Depuis les premiers jours de la crise, la Commission européenne a oeuvré pour donner aux professionnels de la santé toutes les chances de réussir, au nom de notre intérêt collectif. Ensemble, nous avons lancé une initiative appelée ACT-A ou “accélérateur d’accès aux outils contre le Covid-19”. Covax, son volet consacré au vaccin, a mis en contact 170 pays avec des ONG, des entrepreneurs et des donateurs, afin de former le plus grand portefeuille au monde de vaccins potentiels. L’objectif était d’avoir le plus de vaccins possible en phase d’essai clinique, puis de commercialisation. Au lieu d’être en concurrence, l’Europe a fait front commun avec les autres pays afin que nous ayons tous de meilleures chances de réussite.

En 2021, l’humanité jouera-t-elle enfin en équipe? Je l’ignore, mais je sais quelle position adoptera l’Europe.

Cette stratégie n’est pas motivée par l’altruisme. Elle naît d’un constat simple: nos intérêts européens coïncident avec les intérêts internationaux. Dans le cadre de nos échanges avec six groupes pharmaceutiques en vue d’acheter les vaccins pour les citoyens européens, nous avons veillé aussi à réserver et à financer des doses pour les pays à faibles revenus par le biais de Covax.

C’est ainsi que je conçois la mission de l’Union européenne dans le monde d’aujourd’hui. Nous avons un atout unique: notre puissance collective. Notre union de 27 Etats souverains dispose d’un réseau diplomatique inégalé. Nous sommes un interlocuteur de confiance pour les organisations internationales et les ONG. Nous pouvons contacter des pays en froid et les rallier à notre cause commune. Nous sommes par définition des spécialistes du travail en équipe et, dans la quête du vaccin, nous avons mis notre puissance collective au service de toutes les nations.

Je veux faire de l’Europe une figure de proue mondiale. Et c’est un rôle qui ne souffre pas l’abandon d’autrui. Il sous-entend de créer de grandes coalitions solides afin d’oeuvrer pour un objectif commun. Prenons l’exemple du climat. Nous sommes aujourd’hui pionniers de la transition vers une économie plus propre et circulaire, et le Pacte vert pour l’Europe va accélérer cette transition. Nous nous sommes fixé les objectifs les plus exigeants: l’Union européenne réduira d’ici à 2030 ses émissions de CO2 d’au moins 55% par rapport aux niveaux de 1990, et nous visons la neutralité carbone d’ici à 2050.

Malgré tout, l’Union européenne est responsable de moins de 10% des émissions mondiales. Il est impossible d’enrayer à nous seuls le réchauffement climatique. La bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas seuls. La mobilisation pour le climat est mondiale, et ce mouvement compte des nations puissantes, mais aussi d’innombrables villes, collectivités locales et citoyens. L’Europe souhaite y participer, et aider ce mouvement à se développer. Nous créerons d’ambitieuses coalitions afin de lutter contre le changement climatique, la déforestation et la pollution chimique. Sur l’échange des droits d’émission, nous sommes prêts à travailler avec tous les partenaires convaincus que le CO2 a un prix.

Nous faisons au monde une proposition simple: unissons nos forces au service du bien commun. Il n’y a pas de temps à perdre. En 2021, l’humanité jouera-t-elle enfin en équipe? Je l’ignore, mais je sais quelle position adoptera l’Europe.

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