“Les USA veulent négocier avec un revolver sur la tempe de l’UE”

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Le délai accordé par les Etats-Unis à l’Union européenne sur la hausse des tarifs d’importations d’acier et d’aluminium “donne l’impression qu’il y a une volonté des Etats-Unis de négocier avec l’UE en mettant un revolver sur notre tempe”, a affirmé ce vendredi le Premier ministre Charles Michel, à son arrivée au second jour du Conseil européen de Bruxelles.

“Ce n’est pas une manière très loyale de négocier quand on est des partenaires aussi solides sur le plan historique”, a-t-il jugé, ajoutant avoir encore des doutes sur les décisions précises du président américain Donald Trump, en l’absence de documents juridiques.

Le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer, avait indiqué jeudi que l’Union européenne figurait parmi les pays qui seraient pour le moment exemptés des tarifs promulgués par l’administration Trump sur les importations d’acier et d’aluminium.

Quelques heures plus tard, M. Trump signait “un memorandum présidentiel ciblant l’agression économique de la Chine” et évoquait des mesures punitives contre des importations chinoises d’un montant pouvant atteindre “60 milliards de dollars” pour tenter de mettre un terme à ce qu’il affirme être la concurrence déloyale de Pékin et le vol de propriété intellectuelle.

La menace protectionniste américaine devait initialement être évoquée jeudi soir, lors du dîner des chefs d’État et de gouvernement, mais le sujet a été repoussé à la première heure vendredi, après que les discussions sur la Russie se sont prolongées pendant deux heures et demie.

Les Européens veulent une “exemption permanente”

Les dirigeants européens se sont satisfaits de l’exemption accordée jusqu’au 1er mai à l’UE par le président Trump des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, mais vont réclamer une “exemption permanente”.

“Je suis heureuse de cette exemption temporaire”, a déclaré la Première ministre britannique Theresa May à son arrivée au sommet. “On va voir comment on peut obtenir une exemption permanente”, a-t-elle ajouté.

Selon un haut fonctionnaire européen, les dirigeants de l’UE, qui doivent discuter de la question dans la matinée, prévoient dans leurs conclusions de réclamer cette “exemption permanente”, tout en se disant “ouverts aux discussions”.

“Le diable est dans les détails: cette décision est temporaire, il va falloir continuer les échanges avec Washington et simultanément il faut se préparer à toutes les hypothèses”, a pour sa part souligné le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, sur la radio France Inter.

“Donald Trump a montré qu’il était capable de tous les revirements. Il faut être prêt à tous les scénarios au meilleur comme au pire”, a-t-il prévenu.

Le porte-parole du gouvernement français Benjamin Griveaux a considéré qu’il était “heureux que le président Trump ait changé d’avis”.

“Tous ceux qui prennent des décisions de manière unilatérale s’exposent à des représailles, des contre-mesures”, a-t-il dit, soulignant que l’Europe avait “clairement exprimé son intention de riposter et de rentrer dans une guerre commerciale”.

L’UE a préparé une liste de produits américains emblématiques, comme le beurre de cacahuète ou les motos, qui pourraient à leur tour être visés par des taxes si celles envisagées par les Etats-Unis entraient un jour en application.

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