Les sujets d’inquiétude qui perdurent en zone euro

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2011 aura probablement été la pire année pour la zone euro depuis sa création. Voici le bilan des “patates chaudes” qui attendent les dirigeants européens à la rentrée.

L’Italie

Après les malheurs de la Grèce, du Portugal ou de l’Irlande, si une capitale devait à nouveau tanguer ce serait bien Rome. Mais les conséquences en seraient décuplées, la dette du pays culminant à 1.900 milliards d’euros. Ces deux derniers jours l’Italie a toutefois donné des signes de convalescence encourageants. D’abord grâce à un emprunt sur les marchés à court terme. Les investisseurs ont accepté un taux d’intérêt à six mois deux fois plus faible que lors de la dernière opération de ce type (3,251% contre 6,504%). La seconde satisfaction vient de la levée réussie d’un emprunt à long terme jeudi. Mais le taux proposé est encore très élevé, 6,98%. Autrement dit, un niveau insoutenable s’il devait perdurer lors des prochains emprunts. Mario Monti a jugé ces résultats “plutôt encourageants”, tout en insistant sur le fait que “les turbulences financières ne peuvent pas être considérées comme terminées”. Pour lui, la crise de la dette est surtout “un problème européen”, qui réclame “une réponse solidaire et commune” de l’UE.

La chute de l’euro

La monnaie unique chute presque continuellement depuis quatre mois, poussée par les inquiétudes sur la zone euro et les deux baisses consécutives des taux directeurs de la BCE. De 1,44 dollar, elle a franchi jeudi un plus bas depuis septembre 2010 en passant sous les 1,29 dollar (1,2883 dollar). Une bonne nouvelle pour le commerce extérieur européen… qui pourrait rapidement devenir un cauchemar pour les consommateurs de la zone euro. Ils seraient en effet contraints de payer plus cher les produits importés, pétrole en tête. Par ailleurs, le mouvement baissier ne devrait pas s’arrêter de sitôt. Selon Clemente de Lucia, économiste de BNP, “les perspectives de croissance en zone euro sont faibles ce qui devrait forcément peser sur le niveau de l’euro. Il devrait continuer à chuter au premier trimestre 2012 avant de commencer sa remontée au second “.

La décote de la dette grecque

Les discussions commencent à s’éterniser entre les banques et les dirigeants grecs. Entamées en novembre, les négociations en vue d’effacer 50% des créances privées du pays – 100 milliards d’euros sur une dette de 350 milliards – n’ont toujours pas porté leurs fruits. Le ministre grec des Finances Evangélos Vénizelos s’est pourtant voulu rassurant le 20 décembre : il a estimé que les deux parties étaient “proches d’un accord”. Selon une autre source gouvernementale, les négociations devraient être bouclées d’ici à la fin janvier. L’échange d’obligations pour les créanciers privés amènerait à une décote de 65%, soit beaucoup plus que les 50% évoquées, selon les indiscrétions des médias grecs.

La discipline budgétaire

Principal cheval de bataille de l’Allemagne, le durcissement de la discipline budgétaire a été adopté par la quasi-totalité des pays de l’Union européenne – à l’exception notable de la Grande-Bretagne – lors du sommet européen de Bruxelles les 8 et 9 décembre. Mais après les affirmations de principe vient l’épreuve de la mise en application. Les dirigeants ont prévu la fin des négociations pour mars prochain, avant de donner le feu vert aux ratifications parlementaires nationales. Mais selon Christian de Boissieu, président du Conseil d’analyse économique en France, “le délai semble un peu court”. L’économiste pointe également la nécessité de mettre en place des mesures d’urgence avant de penser à la discipline. “Quand il y a le feu à la maison, on il faut d’abord commencer par appeler les pompiers”, estime-t-il. Et le pompier solidaire de la zone euro semble pour l’instant difficile à joindre…

Les fonds de secours

Les mécanismes européens de solidarité sont encore assez flous. Dans ses caisses, le FMI dispose déjà de 140 milliards d’euros de capacité de prêts pour venir en aide à la zone euro. En y ajoutant les 150 milliards que l’Europe vient de décider de lui accorder, on arrive à 290 milliards d’euros. Le FESF dispose aujourd’hui d’environ 270 milliards d’euros dans ses caisses, sans compter l’effet de levier que les européens voudraient lui donner. Au total, l’Europe et le FMI pourront donc prêter l’équivalent de 610 milliards d’euros à la zone euro. “On est honnêtement dans un dispositif de taille suffisante pour gérer les problèmes de la zone euro”, soulignait récemment à Lexpension.com Cyril Regnat stratégiste chez Natixis. Problème: ce montage a l’air attrayant mais il n’est pour l’instant couché que sur du papier. Et avec un FESF menacé de dégradation par l’agence Fitch, un effet de levier et un recours au FMI aux contours encore très flous, la solidarité européenne n’est pas encore taillée pour intervenir si l’Italie montrait des signes sérieux d’inquiétude. “Les idées doivent se concrétiser le plus vite possible, les marchés attendent une réponse rapide des institutions. Mais on l’a bien vu, elles ont toujours un temps de retard”, selon l’économiste de Natixis.

Le credit crunch

La machine du crédit aux entreprises et aux particuliers menace sérieusement de se gripper. En zone euro, les dernières statistiques ne sont pas encore alarmistes. Les crédits sont en baisse en novembre par rapport à octobre (+1,7% contre +2,7%) mais ils restent en progression. Mais les banques ont un comportement qui peut inquièter. Elles ont en effet déposé jusqu’à 452 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE), ce mercredi, du jamais vu. Certains y voient le signe qu’elles préfèrent placer leur argent en lieu sûr à la BCE, malgré des taux d’intérêt très faibles (0,25%), plutôt que de se le prêter entre elles.

Ce montant record est toutefois à relativiser. La BCE a injecté 489 milliards d’euros dans les banques le 21 décembre par des prêts à trois ans accordés justement pour leur donner les moyens de faire repartir la machine du crédit. Cette défiance des banques pourrait donc n’être “que temporaire”, selon Cyril Regnat. “Les banques attendent le début d’année pour commencer à allouer les 500 milliards. Elles alimenteront peut-être davantage le marché interbancaire à ce moment là”, estime l’économiste.

Trends.be, avec Lexpension.com


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