Les problèmes de l’enseignement francophone, un grand chantier pour l’école (graphique)

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En Wallonie et à Bruxelles, l’enseignement pose question. Les jeunes maîtrisent de moins en moins les savoirs de base. Inquiétant, notamment pour le développement économique. Et cela fait 15 ans que cela dure…

Les problèmes de l'enseignement francophone, un grand chantier pour l'école (graphique)
© GRAPHIQUE : TRENDS-TENDANCES – SOURCES : OCDE, LES INDICATEURS DE L’ENSEIGNEMENT 2015

La preuve avec les enquêtes Pisa de l’OCDE, qui évaluent les acquis des élèves en lecture, maths et sciences tous les trois ans. Le verdict de la dernière édition, entreprise en 2015 mais dévoilée récemment, laisse à nouveau perplexe. L’école francophone se place loin derrière les premiers (Japon, Finlande, etc.), loin derrière la Flandre (27 points d’écart en lecture, 30 points d’écart en sciences et 33 points d’écart en maths) et un peu en dessous de la moyenne des pays industrialisés. Pire, les progrès qui avaient été réalisés en lecture en 2009 et 2012 à la suite de réformes ne sont plus qu’un lointain souvenir.

Alors, qu’est-ce qui rend le système francophone moins efficace ? Après des années de disette, il est pourtant correctement financé : 7,3 milliards d’euros par an, tout compris, de la maternelle à l’université. En fait, trois problèmes peuvent être épinglés. Un : la disparité. Un fossé sépare les établissements élitistes de ceux peu performants. Cet écart est en partie dû à l’existence de quartiers défavorisés, à la persistance de réseaux (officiel, pouvoirs locaux et libre), à une concurrence entre les écoles. Le politique a bien essayé de résoudre cela, en finançant davantage les seconds (la ” discrimination positive “), puis en forçant les familles sociologiquement différentes à se mélanger au sein d’une même école (le décret ” inscription “). Mais en vain.

Second problème : l’existence d’une multitude d’options et de filières dans le secondaire. On a multiplié celles-ci par le passé, dans l’idée que cela permettrait aux élèves de mieux trouver leur voie. Dans la pratique, ce système leur a surtout permis de se réorienter à bon compte en cas d’échec, en se rabattant sur la voie la moins exigeante. De fil en aiguille, cette spécialisation s’est révélée… une machine à déclasser !

Enfin, trois : l’inégalité. Les études montrent que les enfants des milieux défavorisés décrochent plus rapidement. Le système ne réussit pas à les encadrer. Sur ce constat d’un manque d’efficacité et d’égalité, une lueur d’espoir apparaît néanmoins grâce au tout récent Pacte d’excellence. Il s’agit d’un vaste projet de réforme (329 pages ! ) conçu par les acteurs de terrain. L’idée centrale est de garder plus longtemps les élèves ensemble ; d’espérer que les forts tirent les faibles vers le haut ; de recentrer autour de sept grands domaines les savoirs à leur transmettre ; et d’introduire des techniques permettant de repérer rapidement les élèves en difficulté afin de les aider. Pour Dominique Lafontaine, professeure à l’ULg et coordinatrice belge de l’étude Pisa, il s’agit d’un ” pas dans la bonne direction “, d’un ” cadre abouti et cohérent “. Reste maintenant à le mettre en application. Ce qui prendra certainement des années…

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