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‘Les perspectives économiques de la Belgique pour 2016’

Trois économistes amis en balade, que ce soit sur la plage du Coq ou dans une forêt ardennaise, cela donne d’abord une conversation entre amis, mais c’est aussi l’occasion d’un échange sur les perspectives économiques de la Belgique pour 2016.

Pour le premier ami, “la Belgique doit s’attendre à une croissance de 1,5 %”. Pour lui, les choses sont simples : les cycles économiques sont comme des oscillations sinusoïdales autour d’une tendance et, à l’instar du “retour à la moyenne” des marchés financiers, le taux de croissance de l’économie nationale en 2016 sera une moyenne entre celui de 2015 et le taux normal de croissance. Or, comme ces deux grandeurs sont de l’ordre de 1,5 %, nouvelle normalité d’après la grande crise financière, calculer la moyenne est tout aussi simple.

Le deuxième intervient alors. La Belgique, rappelle-t-il, est une petite économie ouverte sur le monde et intégrée au coeur de l’Europe. Donc, quels que soient les mérites de nos dirigeants ou la pertinence des critiques de l’opposition, la croissance y sera assez proche de celle de la moyenne de l’Union monétaire. La Belgique ne sera ni la première de la classe, ni le cancre. Bien sûr, des chocs idiosyncratiques peuvent affecter la Belgique : une crise politique, un accident bancaire, une panique alimentaire, une menace terroriste, etc. Mais nous avons eu la dioxine, l’affaire Dexia et 541 jours sans gouvernement et pourtant la Belgique n’a pas jamais vraiment divergé de la moyenne européenne. Bien sûr, il y a aussi des chocs internationaux, du type crise financière ou énergétique, mais c’est trop difficile à prédire et plutôt l’exception que la règle. Notre ami en conclut que la croissance en Belgique sera de l’ordre de la croissance communément attendue en Europe. Or, celle-ci sera d’environ 1,5 %. Voilà donc le deuxième économiste qui rejoint le premier.

Quels que soient les mérites de nos dirigeants ou la pertinence des critiques de l’opposition, la croissance sera assez proche de celle de la moyenne de l’Union monétaire

Le troisième ami, le seul vrai conjoncturiste du groupe, prend alors la parole. Il commence par rappeler l’effet de l’acquis de croissance, à savoir la dynamique des trimestres écoulés, puis passe à l’examen des indicateurs conjoncturels. Or, ces derniers sont globalement bien orientés. Il s’agit notamment des mesures relatives à la confiance des agents économiques et aux intentions d’embauche. Il embraie avec le contexte international. Certes, la Chine ralentit, la crise de l’asile n’est pas résolue, la dette grecque n’est évidemment pas soutenable, le système financier n’est pas redevenu parfaitement stable et les tensions politiques sont graves et multiples, mais pour lui aucun de ces problèmes ne devrait nous faire retomber en récession. Il insiste sur les circonstances actuelles, entraînant une conjonction favorable: l’euro est faible, les taux d’intérêt sont au plancher, les partisans de la rigueur, qu’elle soit budgétaire ou monétaire, ont perdu du terrain et les matières premières, importées, sont bon marché. En même temps, ajoute-t-il, il faut aussi tenir compte des évolutions récentes de la politique économique intérieure. Le tax shift est non seulement un glissement mais aussi un allégement d’impôt, ce qui servira la croissance, mais la modération salariale, à commencer par le saut d’index, l’entravera. Au rayon structurel, notre ami est moins optimiste. Les bonnes performances de l’emploi cachent d’abord le succès des titres-services et la meilleure croissance de la Belgique depuis la crise s’explique exclusivement par le relâchement de la discipline budgétaire, là où la zone euro a fortement resserré celle-ci. Enfin, si nous regagnons un peu du terrain perdu en matière de compétitivité salariale face à l’Allemagne, les coûts de production, le tissu industriel, l’orientation de nos exportations et l’efficacité des pouvoirs publics restent sujet à beaucoup de préoccupations. Et notre ami de conclure après tout cela qu’il s’attend, lui aussi, à une croissance de quelque 1,5 % en 2016.

Par amitié, tempérance ou aversion au risque d’avoir tout faux, la convergence de vues entre conjoncturistes reste grande. Non, la mode du “disruptif” n’a pas encore tout conquis.

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