Lire la chronique d' Amid Faljaoui

Les pénuries qui frappent nos économies sont-elles le signe de notre bonne santé ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’est le sujet dont on ne parle pas trop pour ne pas faire paniquer les citoyens et donc aggraver encore plus la situation – je parle bien entendu de la pénurie de biens en tous genres qui frappe nos économies.

Les personnes qui lisent cette chronique et qui ont franchi récemment la porte d’une enseigne de meubles ou de bricolage savent très bien de quoi je parle. Même le géant IKEA est en rupture de stock pour certains produits comme la fameuse KLEPPSTAD, une armoire à portes coulissantes blanche, un standard de la firme suédoise. Quant aux enseignes de bricolage, plusieurs produits phares manquent aussi à l’appel comme certaines perceuses. Et ne parlons pas de l’industrie automobile qui manque cruellement de semi-conducteurs en provenance d’Asie. Résultat : une firme comme Toyota a réduit sa production de 40%, et elle n’est pas la seule marque automobile à souffrir de ces pénuries

Qui dit pénurie, dit également hausse des prix. Demandez aux spécialistes du bâtiment leur avis et vous verrez que tout a augmenté, et pas de quelques pour cent. Bref, une bonne partie de nos entreprises ont des difficultés d’approvisionnement et doivent encaisser des hausses de prix qu’elles ne peuvent pas toujours répercuter sur leurs clients, sauf à les faire fuir ?

La faute à qui toute cette pénurie ? A notre bonne trop bonne santé. C’est dingue de le dire de la sorte, mais pour nous éviter de sombrer dans la récession économique suite à l’arrêt de nos économies à cause du virus, les gouvernements ont injecté de tonnes d’argent dans nos économies. En simplifiant, il y a trop de carburant dans nos économies. Que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, la croissance est à des niveaux que nous n’avons plus vus depuis des décennies. Dans certains cas, nous avons quasiment des taux de croissance chinois ! Si nous sommes en pénurie, c’est donc à cause d’un effet ciseau. D’un côté, l’offre n’arrive pas à suivre – d’abord des usines en Asie ont été fermées ou ont tourné au ralenti à cause du COVID-19 – et ensuite, comme les Etats-Unis sont sortis de crise avant nous, les Américains ont été servis avant nous également. Et maintenant que tout le monde sort de crise, tout le monde commande à tout va et les prix des containers de transport ont explosé. Il y a donc des hausses de prix et des retards de livraisons.

Quand je parlais de l’effet ciseau, c’est parce que si l’offre a baissé, la demande, elle, a explosé. Avec le covid-19, tout le monde veut aménager sa maison, et donc les confinements successifs ont dopé la demande de biens de bricolage ou les meubles d’habitation.

La preuve que notre économie tourne bien, c’est que l’Europe qui devait nous verser 6 milliards d’euros a décidé de réduire ce montant de plusieurs centaines de millions d’euros parce que notre économie se porte mieux que prévu. Mais allez expliquer cela aux victimes des inondations…

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