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Les non-dits de l’attelage bariolé du gouvernement De Croo

C’est fait (enfin !) la Belgique a un nouveau gouvernement fédéral de plein pouvoir. Il était temps et pour filer la métaphore, je dirai que l’accouchement s’est fait par césarienne, mais bon, l’enfant est là et en bonne santé.

Maintenant, c’est clair tous les partis disent qu’ils sont ravis du texte autour duquel ils se sont laborieusement mis d’accord, mais qu’en sera-t-il du citoyen ? En réalité, ma question est mauvaise, il n’y a pas un citoyen mais des citoyens, et chacun a son propre agenda et ses propres intérêts.

Prenons le cas, de nos blouses blanches, de notre corps médical : a priori, ils seront ravis car des moyens supplémentaires pour les soins de santé seront mis sur la table. Le texte évoque un refinancement de 1,2 milliards d’euros ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps. Les applaudissements à nos fenêtres à 20h n’auront donc pas été inutiles et tant mieux.

Mais quid de la pension ? Tous les médias en parlent, c’était une condition non négociable pour les partis de gauche. Donc, oui, pour la fin de la législature, la pension légale minimum sera de 1.500 euros. C’est important pour le PS car en fin de législature, il devra avoir des arguments pour son électorat et éviter que le PTB ne lui prenne des électeurs. Mais attention : ne nous leurrons pas, pour obtenir les 1.500 euros, il faudra avoir une carrière complète, soit 45 ans. Selon mes confrères de l’Echo, cela va concerner que peu de personnes. Si vous avez une carrière de 36 ans, vous n’aurez droit qu’à 36/45 de cette somme de ces 1.500 euros. En clair, le calcul se fera au prorata de votre carrière. Donc, les femmes qui mettent souvent leur carrière entre parenthèse pour s’occuper des enfants n’y auront pas droit précise encore l’Echo.

Eh oui, le diable se niche dans les détails une fois de plus. De même, les partis libéraux mettent en avant qu’aucune taxe sur le patrimoine ou sur les plus-values n’a été mis sur la table. C’est vrai et c’est aussi de nature à rassurer leur électorat car le texte dit qu’il n’y aura pas de nouvelles taxes. Mais attention, lisez bien le texte, et vous verrez plus loin deux nuances : primo, il n’y aura pas de nouveaux impôts sauf dans le cadre de discussions budgétaires serrées. Vous pensez, vous, qu’avec le coronavirus, il n’y aura pas de discussions budgétaires serrées: on se moque de qui ? Et puis second bémol, le texte dit aussi plus loin que le gouvernement demandera une contribution équitable aux individus qui ont la plus grande capacité contributive. Cela veut dire quoi cela, si ce n’est de nouveaux impôts ?

Je pourrai continuer la liste ainsi… En fait, ce texte gouvernemental me fait penser aux textes des trois religions monothéistes : vous pouvez y trouver des messages d’amour et de paix mais aussi des scènes d’une cruauté inimaginable. Mais, si tous les partis politiques sont contents et le disent via les réseaux sociaux, qui suis-je pour oser les contredire ? Et puis, la contradiction n’est-elle pas le prix à payer pour un pays gouverné par coalition ?

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