“Les militants n’élisent pas forcément le président le plus rassembleur “

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Il y aura sans doute une élection au MR. Mais au PS, chez Ecolo et l’an dernier au cdH, personne n’a défié les “dauphins”. Pourquoi les partis ont-ils si peur des élections internes ?

Plusieurs présidences de parti ont été renouvelées ou vont l’être bientôt. Pourquoi les partis semblent-ils avoir si peur des vrais scrutins internes ?

Un président ou une présidente de parti a deux publics : les militants et l’électorat. Pour les premiers, il peut être intéressant de s’assurer de l’implication de la base, via un processus électoral ouvert, des débats etc. Mais pour s’adresser au second, il vaut mieux incarner la cohérence et la ligne d’un parti uni. L’enjeu de ces présidences est donc de trouver un point d’équilibre entre le visage démocratique et participatif, que tous veulent afficher, et la crainte d’apparaître comme divisé et de voir le processus de campagne leur échapper d’une certaine manière. En outre, un parti très divisé, cela ne rassure pas les partenaires politiques, c’est un réel handicap lors des négociations gouvernementales ou autres.

Pour définir une ligne politique cohérente, n’est-il pas pertinent de laisser les militants choisir directement ?

La théorie nous dit que la base est plus radicale que l’électorat. Si on la laisse choisir qui occupera la présidence du parti, elle risque d’envoyer des personnalités moins attractives pour la majorité des citoyens. Cette théorie – mais on connaît des contre-exemples – s’appuie notamment sur les primaires américaines ou françaises, qui n’ont pas conduit à la désignation des candidats les plus rassembleurs ou modérés. Plusieurs analyses ont par ailleurs montré que les présidents de parti élus au suffrage universel des membres n’étaient pas forcément les plus représentatifs, sociologiquement et même idéologiquement, du parti. Il y a une tendance à voter pour les personnalités les plus connues.

Les mêmes réserves peuvent être formulées à l’égard du suffrage universel lui-même, qui ne conduit pas forcément à ce que les personnes les plus compétentes assurent la gestion publique. N’est-ce pas paradoxal que les partis, qui vivent finalement de la démocratie, intègrent cette réserve dans leur fonctionnement ?

Poser cette question, c’est valoriser un modèle de démocratie, plus directe. Nous vivons dans une démocratie représentative. Quand les sections donnent un mandat à des délégués, qui vont ensuite à un congrès de leur fédération puis de l’ensemble du parti, sommes-nous vraiment dans un processus moins démocratique ? La désignation du ou de la présidente par un comité restreint permet de tenir compte de tous les équilibres internes. Quand Charles Michel a été élu face à Daniel Bacquelaine, cela n’a pas sonné la fin de la guerre des clans au MR. Et le duel Joëlle Milquet- Charles-Ferdinand Nothomb, pour la présidence du PSC en 1998, a-t-il facilité la vie du parti ? Il semble que la gestion des lendemains d’élection interne soit particulièrement compliquée quand le parti est au pouvoir. Depuis l’opposition, il est plus simple d’exprimer plusieurs points de vue.

La formule des présidences ad interim, utilisée par le PS ou chez Ecolo avec Jean-Marc Nollet, est aujourd’hui prisée, pour préparer le terrain. Quand le dauphin ou le successeur est annoncé très tôt, c’est compliqué pour les autres de se déclarer.

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