Olivier Mouton

Les emplois flexibles ne doivent pas être des sous-statuts, mais des sources de richesse et de croissance

Olivier Mouton Chef news

Il faut veiller à ce que les emplois flexibles ne deviennent pas des sous-statuts, mais des sources de richesse et de croissance.

Gouverner, c’est prévoir.” L’adage est trop rarement de mise dans notre pays complexe et rongé par les compromis peu lisibles. La plupart du temps, on ne prend les décisions qu’au pied du mur, lors de marathons nocturnes, alors qu’il est pratiquement trop tard. Gouverner, c’est prévoir: voilà pourtant le voeu formulé début janvier par Pieter Timmermans, président de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), en réclamant des mesures de flexibilité du travail pour se préparer à la vague omicron et à cet absentéisme qui explose dans les entreprises, les écoles et les hôpitaux. Depuis l’apparition du variant, bien plus contagieux, les principales craintes concernaient une paralysie possible de la société. Il était urgent de prévenir, quitte à ce que cela ne soit nécessaire que dans certaines entreprises. Du ponctuel. De l’indolore.

Il faut veiller à ce que les emplois flexibles ne deviennent pas des sous-statuts, mais des sources de richesse et de croissance.

Il convient donc de saluer l’accord finalement intervenu entre partenaires sociaux vendredi 21 janvier, mettant en place des mesures de flexibilité exceptionnelles et temporaires pour permettre aux entreprises de continuer à fonctionner. C’était absolument indispensable! Ce fut lent, fastidieux, mais les quelques mesures déposées sur la table permettront de réagir: solliciter les travailleurs en temps partiel, des chômeurs, des prépensionnés, des étudiants… Le tout ne sera valable que jusque fin février, le temps que la situation sanitaire revienne à la normale. Il ne s’agit donc pas d’une formule provisoire appelée à devenir définitive. De quoi rassurer les syndicats.

La FGTB a montré à nouveau son évolution radicale en refusant de se lier à cet accord. Parce que, dit-elle, ses propres décomptes montrent qu’il n’y a pas péril en la demeure. Et parce que cette décision, même temporaire, risque d’être un premier pas dans la direction d’une plus grande flexibilité sans limite de temps. Cela témoigne d’un manque de confiance chronique au sein de la concertation sociale. Cela illustre aussi le fait que le syndicat socialiste court après la gauche radicale du PTB.

L’économie a pourtant besoin de flexibilité comme de pain à l’heure où la compétitivité des entreprises est un enjeu majeur. De façon ponctuelle, pour répondre aux enjeux plus larges de la crise sanitaire, mais aussi de façon structurelle. C’est le cas dans certains secteurs plus que d’autres. Dominique Michel, patron de Comeos, ne soulignait-il pas que 20.000 emplois supplémentaires auraient pu être créés dans l’e-commerce si des mesures plus souples avaient été décidées pour le travail de nuit? Les plateformes ne répondent-elles pas à de nouveaux besoins et des réalités sociales dans les villes? Cela nécessite un encadrement, bien sûr, fruit d’une concertation sociale positive. Mais on ne peut laisser passer des opportunités, faute de souplesse.

La flexibilité se fraye d’ailleurs un chemin d’elle-même, surtout parmi les nouvelles générations. Selon l’ONSS, au cours du troisième trimestre de 2021, les jobs étudiants et les “flexijobs” ont augmenté significativement, notamment dans l’horeca et les métiers de contact, impactés par la crise sanitaire. Le statut d’indépendant séduit de plus en plus de monde. L’attrait est grand pour des formules qui permettent de mieux jongler avec les contraintes d’une vie contemporaine marquée par l’explosion du numérique, les nouvelles organisations familiales, une volonté de gérer autrement son temps ou le désir d’une plus grande innovation économique et sociale. Le sujet ne peut être tabou, il doit être embrassé positivement. En veillant à ce que ces emplois flexibles ne deviennent pas des sous-statuts, mais des sources de richesse et de croissance.

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