Les élections, occasion de voir au-delà du Brexit pour les entreprises britanniques

Lassés des débats sur le Brexit, les milieux d’affaires britanniques espèrent que les élections législatives vont clore ce feuilleton pesant sur l’économie, même si l’hypothèse d’un gouvernement travailliste les inquiète au plus haut point.

“Ces élections ont beau se dérouler en hiver, elles doivent souffler un air de printemps sur notre économie engourdie”, résume Carolyn Fairbairn, directrice générale de la CBI, la principale organisation patronale au Royaume-Uni.

Les milieux économiques sont quasi-unanimes et estiment que la tenue de ces élections le 12 décembre, validée par le Parlement britannique mardi et qui doivent encore être approuvée par la Chambre des Lords mercredi, est l’occasion d’en finir avec plus de trois ans d’incertitude depuis le référendum de juin 2016.

Ils n’ont eu de cesse d’en déplorer les effets négatifs sur l’économie qui tourne au ralenti en raison de la réticence des entreprises à investir compte tenu du flou ambiant.

Pour les milieux d’affaires, une élection, surtout si elle permet de rendre effectif le Brexit d’ici le 31 janvier, est préférable à la persistance du blocage politique, malgré les inconnues inhérentes à tout scrutin.

Ils avaient déjà fait part de leur soulagement avec le nouvel accord négocié par Londres et Bruxelles, qui n’a pas passé l’épreuve du Parlement britannique et devrait être au coeur du programme électoral du Premier ministre Boris Johnson.

– Défiance envers Johnson –

Même si les milieux d’affaires ont une relation tumultueuse avec M. Johnson, qui a longtemps poussé pour un Brexit au 31 octobre y compris sans accord, le parti conservateur est considéré de longue date comme celui des entreprises.

L’accord avec Bruxelles conclu par Boris Johnson, jugé plus “dur” que celui qu’avait négocié l’ex-Première ministre Theresa May, aurait aussi l’avantage de tourner la page du Brexit et de permettre aux entreprises de se projeter dans l’avenir.

En attendant, chaque organisation patronale y va déjà de ses propositions, la plupart espérant que la campagne s’ouvrira à d’autres sujets que le Brexit, dans un pays qui tente de sortir d’une décennie d’austérité, manque d’infrastructure et dont les centres-villes sont touchés par la crise des commerces.

La Fédération britannique des petites entreprises, la FSB, veut ainsi en profiter pour évoquer une réforme fiscale qui aiderait les commerces, ou encore la modernisation des réseaux routiers.

“Nous devons faire pression pour être sûrs que ce n’est pas seulement une élection sur le Brexit”, renchérit Adam Marshall, directeur général des Chambres de commerce britanniques, interrogé sur la BBC.

Pour Mme Fairbairn, la campagne devrait être l’occasion de rappeler que “le Royaume-Uni est l’endroit où investir et lancer une entreprise”.

La City, emblème du rayonnement international du Royaume-Uni et moteur du puissant secteur des services, assure ainsi pouvoir surmonter le Brexit, quelle que soit sa forme.

– “Socialisme, oui ou non ?” –

Restera toutefois à choisir entre un Royaume-Uni post-Brexit toujours très proche de l’UE par le bais d’un accord de libre-échange, ou un pays qui joue sa propre carte quitte à assouplir les réglementations pour gagner en attractivité.

Les entreprises pourraient dans l’immédiat se ranger derrière les “Tories”, en tête des sondages, d’autant plus volontiers que la perspective d’une arrivée au pouvoir du parti travailliste, emmené par le très à gauche Jeremy Corbyn, les effraie.

“La vraie question est: le socialisme, oui ou non ?”, s’interrogeait mercredi matin dans son éditorial le quotidien du centre des affaires londonien, City AM.

Le “Labour” a promis une politique ambitieuse de nationalisation du réseau ferroviaire et des fournisseurs d’eau et d’électricité, une redistribution d’actions de grandes entreprises aux employés ou encore des hausses d’impôts pour les plus fortunés.

Signe du contexte tendu, la CBI a récemment évalué à 196 milliards de livres le coût des nationalisations prévues par le Labour qui a aussitôt accusé le patronat de propager une “fausse information”.

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