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Les chaussures Louboutin, les prématurés et la reprise économique en K

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Souvenez-vous, vous avez lu des tonnes d’articles sur le monde d’après covid-19. Beaucoup espéraient que ce monde serait différent, plus juste, plus égalitaire et en somme plus sain…

Or si je regarde l’actualité de cette semaine, je vois que la société qui fabrique les chaussures pour femmes Louboutin (les femmes savent qu’elles sont parfois plus belles que vraiment portables) est valorisée à plus de 2 milliards d’euros par le simple fait que la famille Agnelli a pris un quart du capital de cette société pour la modique somme de 541 millions d’euros. Donc, ceux et celles qui pensaient que le monde d’après serait plus sobre, moins bling-bling, doivent vite revoir leur jugement.

D’ailleurs, la Bourse, qu’on l’aime ou pas, le sait mieux que nous tous. Pour le moment, toutes les Bourses ou quasi sont en hausse et à des niveaux euphoriques. C’est étonnant, car la Bourse pense que la reprise sera en forme de lettre K. Et qui dit K, dit que les inégalités vont augmenter et pas diminuer après la pandémie. La reprise en K dit juste que la barre verticale du K exprime la chute de la production liée au covid-19, et la barre du K ascendante montre que la reprise sera forte (mais pas pour tout le monde). Mais cette importante reprise le sera uniquement pour les entreprises très digitalisées, ou qui ont une offre incontournable, ou qui ont su surfer sur les nouvelles tendances. En revanche, la barre du K descendante désigne toutes les entreprises qui vont rester sur le carreau car elles ne seront pas indispensables demain ou après-demain.

Comme le rappelle Marc Fiorentino dans sa lettre boursière, la Bourse s’amuse à un jeu classique : celui de la “rotation”. La “rotation”, dans le jargon des boursicoteurs, désigne le fait de passer d’un secteur à un autre. C’est une rotation de secteurs si vous voulez ; la Bourse quitte un secteur dont elle n’espère plus grand-chose vers un secteur plus prometteur. Là encore, la Bourse nous montre que le mot “inégalité” non seulement va rester dans notre vocabulaire mais que ce mot, on l’entendra encore plus souvent demain et après-demain…

Quant aux naissances, s’il faut se féliciter de la diminution du nombre de prématurés ; sans doute suite à la baisse du stress et de l’activité grâce au confinement. Des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie (et sans doute aussi la Belgique) constatent qu’au lieu d’avoir une explosion des naissances, on assiste à une baisse drastique des naissances, là aussi, sans doute à cause des incertitudes liées au virus. Il faut aussi espérer que cela ne dure pas, car un pays très endetté, et qui a moins de travailleurs qui peuvent cotiser pour rembourser cette dette, est, par définition, en mauvaise posture…

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, encore plus que la date de réouverture des restaurants et cafés, ce qui m’intéresse, c’est quel est le plan de nos gouvernements fédéraux et régionaux pour l’après covid-19 ? Les uns draguent les jeunes, les autres les plus démunis, et d’autres partis caressent le poil des restaurateurs et les coiffeurs. Mais que propose-t-on à l’immense classe moyenne et aux Belges en général ? Si vous avez une réponse, envoyez-la-moi.

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